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Utopie
episode 1
Les bips incessants du réveil matin emplissaient la pièce encore sombre. La main de la jeune femme sortit de sous la couette qui couvrait encore son visage. Elle alla appuyer lourdement sur le réveil qui s’arrêta instantanément. Elle repoussa ses draps et frotta ses yeux pour tenter de se réveiller. Elle s’étira longuement et posa ses pieds sur le carrelage froid. Elle frotta ses bras pour réprimer un frisson. Elle attrapa le gilet en laine qui traînait sur le bord du lit et l’enfila en se levant. Elle passa une main dans ses cheveux tout en ouvrant la porte qui donnait sur sa salle de bain. Un chat se faufila dans l’embrasure de la porte et vint frôler ses jambes nues. Elle appuya sur l’interrupteur, et la pièce lui apparut plus claire. Elle s’approcha du lavabo et se regarda dans la glace. Ses cheveux roux étaient en bataille, ses yeux difficilement ouverts, mais son regard restait vif. Elle détourna la tête du miroir et se dirigea vers la douche où elle ouvrit le robinet d’eau chaude le plus qu’elle put. Elle ôta son gilet et sa chemise de nuit et se glissa derrière le rideau de douche.

Dans son salon, son téléphone se mit à sonner plusieurs fois jusqu’à ce que son répondeur se mette en route.

" Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Mallory O’Brien. Merci de laisser un message après le bip. "

Lorsque le bip sonore retentit, une voix de femme se fit entendre.

" Pas encore debout, la belle au bois dormant ? Rappelle moi pour savoir où on se retrouve à midi ! Ciao ! "

Mallory sortit de la salle de bain dans un peignoir et les cheveux enrubannés dans une serviette blanche. Elle remarqua aussitôt le voyant rouge qui clignotait sur le téléphone posé sur la petite table du salon. Elle appuya rapidement et écouta le bref message. Elle prit le combiné du téléphone et composa un numéro.

" On est destinées à parler par répondeur interposé aujourd’hui ? Bon, je serai à midi au Petit Café Français ! Salut ! "

Un autre chat sauta sur le canapé et en passant, elle glissa la main le long de son dos et attrapa sa queue. Elle se rendit dans la cuisine et se servit du café dans une tasse. Elle prit une orange dans le réfrigérateur et s’assit devant la télévision.

" C’est aujourd’hui que le Président Bartlet donnera son accord sur le projet de loi de Finances qui devrait venir remettre en cause le fondement même de la démocratie aux dires de son attachée de presse. Celle-ci n’a pas hésité à déclarer au journalistes que Josiah Bartlet se verrait dans l’obligation de tenir les promesses que nombre de Président n’ont su jusqu’alors tenir. "

La jeune femme rousse terminait sa gorgée lorsqu’un sourire se dessina sur son visage.

" Bien dit C.J. ! "

Elle posa sa tasse et retourna dans la salle de bain où elle se sécha rapidement les cheveux et se maquilla légèrement. Dans sa chambre, elle sortit quelques vêtements d’une armoire et s’habilla hâtivement. Elle avait à peine boutonné sa chemise que son téléphone sonnait de nouveau. Elle se précipita dans le salon et décrocha aussitôt. La télévision diffusait des images de C.J. Cregg, l’Attachée de Presse du Président des Etats-Unis.




GENERIQUE




Au sortir de sa voiture qu’elle gara dans une rue adjacente à l’école où elle travaillait, Mallory O’Brien emprunta une rue bondée de monde. Elle tourna au coin et traversa sur les passages piétons. Elle faisait face à une immense porte en bois, ouverte, donnant sur une grande cours remplie d’enfant. Elle leva les yeux et lut le nom de l’école gravé dans la pierre. Clearlake. Des parents entraient dans la cours, tenant fermement la main de leurs enfants, paniqués par ce premier jour d’école. Mallory tenait quant à elle son porte-documents marron. Ces premières secondes devant son lieu de travail lui suffisaient à se remettre dans l’esprit de la jeune et sévère institutrice. Elle franchit le seuil de l’école non sans une certaine appréhension. Une sorte de boule à l’estomac, comme pour ses élèves. Elle vivait l’angoisse du premier jour. Et surtout, elle se rappelait qu’enfant, le jour de la rentrée signifiait se séparer pendant des jours de ses parents. Elle se retrouva finalement au centre de la cours, entourée d’enfants qui jouaient en petits groupes, tandis que les parents partageaient déjà leurs premières impressions. Elle se dirigea automatiquement vers la salle des professeurs en empruntant un couloir calme. Au détour, elle manqua de heurter un homme. Elle fut surprise et découvrit les traits de la personne face à elle. Un homme brun, ténébreux, d’âge mûr. Il portait un élégant costume. Des lunettes.

" Monsieur Rendell ! " dit Mallory pour saluer son supérieur.

" Mallory ! Combien de fois vais-je devoir vous dire de m’appeler Norman ? " demanda-t-il avec un sourire charmeur.

" Je tenterai de m’en souvenir, Monsieur. "

" Vous alliez prendre un café, je supposes ? "

" Oui, j’allai…prendre un café dans la salle des professeurs… " répondit Mallory en tentant de masquer son air mal à l’aise.

" Très bien ! Nous aurons l’occasion de nous revoir, et pourquoi pas de prendre un verre, un de ces soirs ? "

" Oui, pourquoi pas ! Je dois y aller ! " s’excusa-t-elle.

Elle poursuivit son chemin, soulagée d’avoir mis fin à cette conversation. Norman Rendell était le directeur de Clearlake. Depuis cinq ans que Mallory exerçait dans cet établissement, elle n’avait jamais connu un directeur plus insouciant que lui. Le premier directeur de l’école avait pris sa retraite, au grand damne de Mallory, une femme avait pris sa place. Et bien que dérangée psychologiquement, elle savait gérer un système scolaire. Partie en dépression, c’est Rendell qui la remplaça. Hélas…cet homme n’avait aucune idée de ce que le mot " éducation " pouvait signifier. Il aurait été incapable de dire à quel jeu jouaient les enfants s’ils les avaient surpris lançant un caillou dans la case " ciel " d’une marelle. Sans aucun atome crochu avec des personne de mois de 21 ans, chacun se demandait ce qu’il pouvait faire dans une école. Exercer une autorité souvent bafouée ? Profiter des femmes qui venaient chercher leurs enfants à la sortie ? Personne ne pouvait le dire. La seule chose que Mallory pouvait affirmer, c’est qu’elle était très mal à l’aise en sa présence.

Elle poussa la porte de la salle des profs et adressa un " bonjour " à l’ensemble des instituteurs déjà présents, n’attendant que l’heure de rejoindre leur classe. Mallory était institutrice de CM2 et adorait l’école Clearlake. Hormis peut-être son directeur et l’instituteur de CM1 dont la classe faisait face à la sienne. La salle des professeurs n’avait absolument pas changé durant les vacances d’été. Les même tables, les même chaises, la même disposition des meubles, des quelques meubles, la machine à café à l’entrée, et une série de casier dans le fond. Le sien était au même emplacement que l’année précédente. Elle l’ouvrit, anxieuse de découvrir quelque chose à l’intérieur. Mais il était vide. Ne demandant qu’à être rempli. A côté d’elle, une jeune femme brune vint ouvrir son casier. Mallory la regarda discrètement, sans dire un mot. Elle rangeait en même temps les quelques livres et affaires personnelles qu’elle avait ramené. Un paquet de bonbons, une boîte de sachets de thé, des stylos, des paquets de mouchoirs. Elle le referma soigneusement et s’adressa à la jeune femme à côté d’elle.

" Bonjour ! "

Celle ci tourna la tête vers Mallory, et sans que l’expression de son visage ne change, elle répondit de même. Mallory n’en fut pas surprise. Loïs Duncan n’était pas du genre bavarde, ni même souriante. Lorsqu’elle adressait la parole à un collègue, c’était rarement pour être gentille. Elle avait souvent des commentaires vexants, des remarques froides. Plus personne ne tentait d’ailleurs de lui adresser la parole de peur d’être rembarré automatiquement.

A 8 heures 45, les élèves, suivis de près par leurs parents se rangeaient deux pas deux devant une ligne tracée sur le sol, avec le nom de leur classe indiquée. Leurs instituteurs après avoir fait l’appel et remercier les parents, emmenaient les enfants dans leurs classes respectives. Mallory ne dérogea pas à la règle. La seule différence était que les classes de CM2 étaient des habitués de l’école, qu’ils avaient pour la plupart fréquenté depuis la maternelle. Elle se mit devant la rangée parfaite d’élève et leur fit signe d’avancer. Ils la suivirent silencieusement dans les couloirs jusqu’à leur classe qu’elle ouvrit au moyen de sa clé. La salle était claire et lumineuse, de nombreuses fenêtres laissaient entrer la clarté du jour. Les murs blancs étaient encore dépourvus de décorations, de cartes ou de dessins. Le tableau noir avait été nettoyé et paraissait neuf. On sentait encore l’odeur du nettoyant pour le sol. Elle regagna son bureau où elle posa son porte-documents. Elle vit ses élèves prendre place où ils le souhaitaient et en profita pour retirer son manteau qu’elle accrocha dans un recoin de la pièce. Elle fit un pas en avant et demanda le silence.

" Bonjour à tous ! Je suis Mademoiselle O’Brien, et je serai votre institutrice cette année. Pour commencer, je vais vous donner une feuille que nous allons remplir, qui va me permettre d’apprendre à mieux vous connaître. Je vais mettre un petit peu de temps avant de retenir tous vos noms, alors on va fabriquer une petite fiche que vous laisserez sur le coin de votre table avec votre nom écrit dessus. "

Pas une fois depuis qu’elle enseignait, elle ne s’était demandé si elle avait fait le bon choix. Elle n’avait jamais douté qu’elle puisse être faite pour autre chose qu’enseigner à des enfants. Elle avait un instinct très particulier en ce qui concernait ce sujet. Elle ne se souvenait pas non plus avoir connu de cas difficiles d’enfants. Toutes ses classes avaient été remplies d’élèves polis et volontaires. Elle se demandait parfois si ces jeunes repenseraient à elle lorsqu’ils auraient leur diplôme, que les uns iraient à Harvard, les autres chercheraient un travail pas trop mal payer pour subvenir à leurs besoins. Elle arrivait à imaginer n’importe quel scénario pour chacun de ses élèves dont elle n’avait jamais oublié un nom. Peut-être avec le temps, devrait-elle se résoudre à admettre qu’elle ne pourrait plus se souvenir de la première classe à laquelle elle avait enseigné. Mais pour le moment, elle tentait de mémoriser les nouveaux noms de sa classe pendant qu’elle les occupait à rédiger le récit de leurs vacances d’été. Elle se surprit à se remémorer ses vacances qui n’avaient rien de très palpitant. Elle était allée une semaine sur la côte Pacifique avec sa meilleure amie, puis elle avait eu l’occasion de suivre son père dans quelques uns de ses déplacements à travers le pays. La sonnerie la tira de ses rêveries et elle laissa les élèves sortir. Ceux-ci refermèrent aussitôt leur cahier et se ruèrent à l’extérieur pour aller déjeuner. Mallory suivit le mouvement et s’assura que tout le monde avait quitté la pièce avant de refermer derrière elle. En enfonçant la clé dans la serrure, elle remarqua que la porte des CM1, juste en face de sa classe, était encore grande ouverte. Elle en fut surprise. Tom Philips était du genre à faire sortir ses élèves cinq minutes avant l’heure pour ne pas être pris dans les embouteillages à l’heure du déjeuner. Tom était un instituteur avec qui elle n’avait jamais pu s’entendre. Il était trop vaniteux et bien trop imbu de lui même pour pouvoir impressionné Mallory. Intriguée, celle-ci s’avança vers la porte et regarda discrètement à l’intérieur. Assis à son bureau, elle s’attendait à voir le vieux Tom, la coupe de cheveux dégarnie, les vêtements à la limite d’être troués par les mites. Mais elle dut s’y reprendre à deux fois avant de s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas de celui auquel elle songeait.

" Oui ? "

Le jeune homme l’interpella lorsqu’il la vit sur le pas de la porte. Elle bredouilla sous l’effet de la surprise.

" Euh…je m’attendais à voir…je suis la classe en face…et, je croyais que… "

" Tom Philips ? " demanda-t-il en souriant.

" Oui ! " dit-elle en hochant la tête.

Il se leva et s’approcha d’elle, les mains dans les poches. Il était grand et élancé, une chevelure brune et un grand regard envoûtant. Elle crut desceller un accent mais ne jura de rien.

" Yrsan Haendel, je remplacerai Monsieur Philips cette année ! "

" Mallory O’Brien, les CM2 d’en face… " dit-elle en lui serrant la main. " Et, Monsieur Philips ? "

" Il a prit une année sabbatique. "

Elle n’aurait pu dire de quelle région d’Europe il venait, mais de toute évidence, il n’était pas Américain. Il avait beaucoup de charme et le simple fait de l’avoir pour voisin de classe à la place de Tom Philips la comblait.

" Je suis très étonnée " commença-t-elle. " J’ignorai que nous avions un nouveau venu dans l’établissement. "

" Pour tout dire, je le suis autant que vous ! Ce poste tombe à pic, je viens d’arriver à Washington. "

Séduite par son sourire, Mallory lui proposa aussitôt son aide s’il en avait besoin. Pour se repérer en ville, trouver un logement, ou simplement s’y retrouver au milieu de l’école. Il la remercia et elle se retourna avec hésitation. Elle craignait qu’en lui tournant le dos il disparaisse pour céder sa place à son ancien collègue. Un instant, elle espéra que son année sabbatique lui plairait assez pour qu’il prenne sa retraite. Mais il lui restait sûrement deux ou trois ans avant d’arriver à l’âge légal qui lui permettait de cesser ses activités. Elle secoua la tête et quitta le bâtiment principal. Le vent était déjà très frais en ce début septembre, elle ne s’éternisa pas et hâta le pas pour rejoindre le café où elle se rendait pour déjeuner. A quelques pas de l’école, peut-être deux ou trois pâtés de maison, se tenait un petit endroit sympathique nommé le Petit Café Français. L’ambiance était agréable et les gens serviables. C’était souvent un point de rendez vous avec sa meilleure amie.

Lorsqu’elle poussa la porte, elle parcourut rapidement la salle des yeux. Encore trop vide pour une heure d’affluence, elle aperçut sans mal une jeune femme brune, assise près d’un radiateur. Elle était concentrée sur un papier posé sur la table, et elle ne se rendit pas compte que Mallory venait d’arriver. Elle eut le temps de retirer son manteau avant que son amie ne leva les yeux. Elle ôta ses lunettes qui lui donnaient un air strict et qui durcissaient les traits de son visage.

" Je te fais la promesse que je vais le tuer avant la fin de l’année ! "

La jeune femme gardait un air des plus sérieux en vociférant ses menaces contre un homme dont elle tut le nom.

" Qu’est-ce qu’il a fait encore ? " demanda Mallory qui savait exactement de qui elle parlait.

" Mademoiselle Adams, et si vous jetiez un œil aux prévisions que vous aviez fait l’an dernier, et les compariez avec les chiffres actuels ? Vous ne trouvez pas qu’il y a une marge trop importante pour être négligée ? Bien sûr Monsieur le Directeur. Et vous en profiterez pour retaper l’exercice comptable du mois de Juin, je me suis aperçu qu’il manquait des chiffres. Bien sûr Monsieur. Oh, et vous m’apporterez un café avec un sucre et un nuage de lait, si vous sortez déjeuner bien sûr. "

Mallory avait envie de sourire car la situation qu’elle imaginait, racontée par Cassandra était risible. Mais elle savait que son amie était exploitée depuis des années par son patron.

" Avant que tu commettes quelque chose de déraisonnable, pourquoi tu t’obstines à rester dans cette boite ? "

" Tu en connais beaucoup des boites qui engagent des filles comme moi qui n’ont pas de diplômes ? Qui ont appris sur le tas ? Je me retrouve à la rue si je quitte mon boulot. "

" Cassie, te connaissant, je suis sûre que tu as passé ces quatre dernières années à économiser comme une malade. Pourquoi tu n’ouvres pas ta propre boite ? "

Elle la regarda avec de grands yeux. Non pas qu’elle fut étonnée, ce n’était pas la première fois que Mallory y fit allusion, mais elle se demandait surtout si son amie avait toute sa raison et une idée de ce que cela impliquait.

" Mes économies ne suffiraient pas de toute façon. "

" Fais appelles à une banque, ça pourrait te servir ! " Elle prenait à présent un ton railleur. " Tu vas faire la tête tout la journée ? "

" Comment ça s’est passé toi ? "

Cassandra et Mallory se connaissaient depuis longtemps. Peut-être toujours. Personne d’autre qu’elles ne pouvaient savoir ce que l’autre ressentait. Elles étaient autant semblables que complémentaires. Mallory était la plus sage et la plus sensée. Cassandra était rebelle et insouciante. Et Mallory ne croyait pas à son histoire mélodramatique de perdre son toit si jamais elle quittait l’entreprise qui l’employait. Elle travaillait comme expert comptable et le plus fou dans tout cela, c’est qu’elle n’avait jamais suivi d’étude. Elle avait menti sur son CV et avait été engagée quelques semaines après. Par chance, elle trouva une personne de l’entreprise qui accepta de lui montrer tout ce qu’elle avait à savoir et en moins de trois mois, elle avait assimilé tout ce qu’elle avait à faire. Elle avait suivi des cours de comptabilité express le soir, mais jamais personne ne sut qu’elle avait trafiqué son curriculum.

Mallory eut soudain un petit sourire qui laissa présager à Cassandra qu’elle allait lui parler d’un homme.

" Il y a un nouvel instit à Clearlake ! " Cassie prit un air très intéressé. " Il s’appelle Yrsan Haendel, je pense qu’il vient d’Europe de l’Est ou quelque chose comme ça, et je crois qu’il faut absolument que tu le rencontres. "

" Mon type ? " questionna Cassandra innocemment. Mallory hocha la tête. " A quelle heure tu finis ? "

" Cet après-midi, je dois aller voir mon père. Mais viens vendredi, je m’arrangerais pour te le présenter ! "

Sa déception ne dura pas quand elle entendit que Mallory comptait aller voir son père.

" Vraiment ? "

" Oui. " dit Mallory sur un ton neutre. Elle observa son amie suspicieusement.

" A la Maison Blanche ? "

" Oui. " Elle fit mine de ne pas comprendre ses allusions.

" Parfait ! " sourit-elle.

Le père de Mallory était un des hommes les plus en vus de Washington, DC. Il était le Secrétaire Général de la Maison Blanche. Pour ceux qui se demanderaient ce que ce poste impliquait, elle leur répondrait qu’il dirigeait l’Etat Américain. C’était le second du Président des Etats-Unis, son meilleur ami aussi. Les plus grandes décisions qu’il devait prendre étaient d’abord examiner par Leo McGarry, l’un des hommes les plus craints dans le monde politique de Washington. Et Mallory était extrêmement fière de tout ce que pouvait faire son père. Elle avait des rapports avec lui qui dépassaient de loin ceux qu’elle entretenait avec sa mère, qu’elle admirait beaucoup pourtant. Mais pour une raison qu’elle ne pouvait cerner, c’était vers son père qu’elle se tournait, quand elle avait besoin de réconfort, de conseils, ou juste de câlins. Elle était encore une petite fille quand elle entrait dans le bureau de son père et qu’elle allait se blottir dans ses bras. Et parfois, elle souhaitait qu’il la voit comme une femme et qu’il cesse de l’importuner avec les hommes qu’elle fréquentait.

Elles parlèrent du week-end qu’elles envisageaient de passer tout en déjeunant tranquillement lorsqu’une sonnerie de portable retentit. Cassandra prit son sac à main et en sortit le téléphone.

" Cassandra Adams ? " Mallory la vit qui roulait des yeux. Cassie fit mine de soupirer. Son regard ne trahissait pas l’état dans le quel elle se trouvait. Elle prit sa fourchette, et la planta cruellement dans sa viande. Elle regarda Mallory dans les yeux et l’incita à lire sur ses lèvres. " Je démissionne ! "

Mallory leva son verre pour saluer son geste. Elle sourit et but une gorgée d’eau.



La salle était calme et silencieuse. La plupart avait déjà quitter l’établissement. Rares étaient ceux qui restaient un peu, en particulier le premier jour, pour travailler. La raison pour laquelle elle décida de rester, était que son père était en rendez vous jusqu’à trois heures. Elle préférait lire que de poireauter dans le bureau de Margaret, la secrétaire de Leo McGarry. Loïs Duncan entra silencieusement. Mallory la suivit des yeux. C’était étonnant d’ailleurs la façon dont elle se voyait intriguée par cette femme. Elle essayait de comprendre ce qui en elle, motivait tant de méchanceté. Loïs ouvrit son casier et y déposa un livre.

" Ca s’est bien passé ? " demanda Mallory en essayant de paraître aimable.

" Qu’est-ce que tu insinues ? " s’exclama Loïs sur la défensive.

" Rien du tout ! " la calma Mallory. " Je suis toujours très impressionnée le premier jour, alors je me disais… "

" Tu te disais sans doute que je fous la trouille aux enfants dès le premier jour ? Que je suis agressive avec eux ? Tu crois que je ne sais pas ce qui se dit sur moi lorsque je ne suis pas là. Loïs ceci, Loïs cela…Vous, si parfaits, si formidables en tous points ! "

Mallory ouvrit de grands yeux d’étonnement.

" Enfin, je ne vois pas de quoi tu parles ! Je voulais juste savoir si tu avais passé une bonne journée ! "

" Mais pourquoi voudrais tu le savoir ? Personne ici ne s’intéresse aux autres ? Et encore moins à moi ? Qu’est-ce que ça peut te faire que cette journée se soit bien passée ou non ? Tu es comme les autres, tu attends que je fasse un faux pas pour qu’on puise enfin me foutre à la porte. Laisse moi te dire une chose Mallory, je n’ai peut-être pas mon père derrière moi, et sans doute pas la même somme sur mon compte en banque mais ce n’est pas ce qui m’empêchera d’exercer mon métier. Tu m’entends ? "

Mallory avait une répartie qui épatait bien souvent les gens. Et depuis toute petite, elle avait le don de se défendre dans toutes les situations. Les hommes politiques, sénateurs, hommes du Congrès, avocats, qui venaient chez elle voir son père lorsqu’elle était enfant, s’étonnait de voir les facilités qu’elle avait à débattre de n’importe quel sujet. Mais étrangement, elle resta sans voix devant sa collègue. Loïs prit ses affaires et sortit aussi silencieusement qu’elle était entrée. Mallory secoua la tête.

Loïs et Yrsan se croisèrent dans le couloir. Elle allait d’un pas décidé vers la sortie, il recherchait péniblement la salle des professeurs.

" Excusez-moi… "

" Quoi ? " demanda-t-elle excédée.

" Oh, rien, je vous pris de m’excuser. " répondit calmement Yrsan.

Elle s’arrêta et chercha quelque chose à fixer sur le sol pour détourner son regard de celui du jeune étranger.

" Non, c’est moi. Vous cherchez quelque chose ? " Il hocha la tête et lui demanda de lui indiquer la salle des profs. " Vous la trouverez au bout du couloir, la porte sur la droite. "

" Merci " sourit-il.

Elle se retourna sur ses talons et repartit sans dire un mot. Yrsan la suivit des yeux alors qu’elle se dirigeait vivement vers la porte. Etrange jeune femme, pensa-t-il. Très étrange. Il tenta de la chasser de son esprit pour se concentrer sur sa recherche jusqu’alors peu fructueuse. Mais son image fragile restait ancrée. Il aurait juré avoir vu une larme au coin de son œil. Etrange mais charmante.

Mallory resongea à sa journée dans sa voiture. Alors que d’autres avaient besoin d’écouter les infos ou de la musique, elle préférait passer en revue ce qu’elle avait fait. Et le point le plus important qui revenait irrémédiablement était son altercation avec Loïs, qu’elle aurait préféré éviter. Elle se remémora aussi sa rencontre intéressante avec Yrsan, le très mystérieux Yrsan. Il était arrivé dans la salle des profs peu après que Loïs l’ait quittée en trombes. Il s’était installé à une table, dans un coin en retrait, et il avait ouvert un livre, et y resta plongé jusqu’à ce que Mallory s’en aille. Les premières journées d’école étaient toujours riches en émotion, mais elle n’imaginait pas que cette journée là serait si remplie. Elle se gara sur le parking de la Maison Blanche, une place qui était sans aucun doute réservé au personnel, mais vide à quinze heures trente. Elle la fit sienne. Elle vérifia que son badge d’entrée était bien dans son sac et sortit de la voiture en ajustant les mèches de ses cheveux. Elle voulait paraître parfaite aux yeux de son père. Et des gens qui travaillaient avec lui.

Elle jeta un dernier regard dans la vitre de sa voiture pour s’assurer qu’elle était présentable et elle se dirigea à vive allure vers la grande bâtisse blanche qui avait servie de résidence aux plus grands Présidents. C’était un honneur que de pouvoir entrer à la Maison Blanche en tendant un simple bout de carton. Ce qu’elle fit en entrant. Le garde posté à l’entrée ne fit aucune difficulté, il connaissait Mallory qui venait fréquemment en visite. Elle connaissait par cœur les différents couloirs et se sentait un peu comme chez elle. C’était très impressionnant de se retrouver dans le bureau mitoyen à celui de l’homme le plus puissant des Etats-Unis, mais d’un autre côté, elle le connaissait bien avant qu’il ne devienne Président. Josiah Bartlet était un très vieil ami de la famille. Elle avait grandi aux côtés de ses filles, ou presque. Elles passaient souvent des vacances ensemble, et leurs pères étaient amis depuis des années. Mais le protocole l’exigeant, Mallory n’était tenue à aucun traitement de faveur. Elle ne s’adressait pas à l’homme chez qui elle passait ses vacances d’été mais bel et bien au Président. Avant de pouvoir rentrer dans le bureau de son père, elle devait passer par le bureau de sa secrétaire, Margaret. Celle-ci était au téléphone lorsqu’elle aperçut Mallory à qui elle fit un grand sourire de bienvenue.

" Bonjour Margaret ! Il est là ? " demanda-t-elle après qu’elle ait raccroché.

" Il vous attend ! " dit-elle en pointant la porte. Mallory la remercia et alla vers la porte. Elle l’ouvrit en tendant une oreille pour s’assurer qu’il n’était pas en réunion ou quoi que ce soit.

" Papa ? "

" Entre mon Chaton ! "

Elle se faufila à l’intérieur de la pièce et le trouva, comme elle l’imaginait, à son bureau. Il se leva immédiatement et vint la serrer dans ses bras.

" Comment ça s’est passé à l’école ? " s’enquit-il d’un ton concerné.

" Bien ! Il ne s’est rien passé d’inhabituel, c’était une rentrée comme une autre, mais c’était bien. Sur quoi tu travailles ? "

" Rien qui n’augure qu’on ne se disputera pas si je t’en parle ! "

" J’ai reçu le message ! " Elle attendit quelques instants. " Ca fait longtemps qu’on n’a pas dîner ensemble, ça te dirait de venir à la maison demain soir ? Je te ferai ce que tu aimes ! "

Leo remit ses lunettes et se retourna pour regarder furtivement son agenda.

" Ca tombe plutôt mal demain, mais jeudi, ce serait parfait ! "

Ils échangèrent un sourire qui confirmait le rendez vous. Margaret entra en frappant légèrement sur la porte.

" Je suis désolée Leo. " Elle se tenait droite devant Mallory qui regardait son père.

" Qu’est-ce qu’il y a ? "

" Le Président vous réclame dans la salle des Fresques. "

" Notre rendez-vous s’arrête là, je crois ! " soupira Mallory. Elle s’approcha de lui et lui fit une bise sur la joue. " On se voit jeudi ? "

" Sans faute ! " s’écria Leo.

Il sortit par l’une des trois portes de son bureau et après avoir glisser un regard complice à Margaret, elle sortit par la même porte qu’il avait emprunté. Elle hésitait quelque peu à faire ce qu’elle avait dans la tête, mais après tout, elle était sur place, et cela n’avait rien d’extraordinaire de s’arrêter dire bonjour à un ami. Elle se rendit ainsi en suivant les couloirs dans les bureaux de la Communication. Elle ne vit personne hormis les secrétaires. Les bureaux du directeur de la communication et de son adjoint était tous les deux fermés. Une femme en tailleur l’interpella.

" Bonjour Mallory ! "

" Salut Ginger ! " répondit-elle. " Il est là ? "

Ginger, montra la porte de droite d’un signe de tête et Mallory s’en rapprocha pour donner trois coups très brefs. Une voix pleine d’assurance lui indiqua d’entrer. Ce bureau était celui de Sam Seaborn, le directeur adjoint de la communication. Elle ne fut pas plus étonnée que pour son père de le voir, les lunettes sur le nez, taper avec ardeur le prochain discours du Président. Pour rien au monde elle n’aurait voulu le couper dans son élan. Il avait un air concentré qui la fit sourire. C’était un malade du travail. Il n’aurait pu se défaire d’une tâche qu’après l’avoir totalement exécutée.

" Salut Sam ! "

" Mallory ! " s’étonna-t-il. " Quelle bonne surprise ! Qu’est-ce qui t’amène ? "

" Je suis juste venue voir mon père, alors j’en ai profité pour te dire bonjour. "

" C’est très gentil ça ! Tu veux t’asseoir ? " proposa-t-il.

" Non, merci. Je ne vais pas te déranger, tu dois être débordé, comme toujours. Tout va bien pour toi ? "

" Très bien, débordé de travail, mais tu sais, ça n’a rien de surprenant, je travaille pour le Président !"

" Oui, j’en ai un vague souvenir, mon père me le rappelle assez souvent. "

Elle le vit soudain changer d’expression.

" Au fait, j’ai eu un coup de fil de Cassandra ! " s’exclama-t-il.

" Vraiment ? Que voulait-elle ? " Si sa voix masquait sa surprise, on pouvait la lire sur son visage.

" Elle avait un projet pour lequel je devais lui donner mon avis, et elle m’a également demandé si je serais prêt à lui prêter une somme d’argent assez…importante. Tu es au courant ? "

" Pas du tout. " Elle fit une pause. " Enfin, c’est moi qui lui ai suggérer de quitter sa place ce midi, je ne pensais pas qu’elle allait créer son entreprise aujourd’hui. Elle n’écoute jamais rien, je suis pour le moins perplexe qu’elle ait enfin écouté le conseil que je lui donne depuis des mois pour ne pas dire un an. "

" Tu devrais aller la voir, et voir ça avec elle, je ne voudrais pas te donner des infos erronées. "

" D’accord ! " dit-elle en souriant. " Je te laisse avec ton ordinateur ! "

Sam lui fit un petit signe de la main et elle quitta son bureau en refermant la porte derrière elle. Elle ne put s’empêcher de penser à sa réaction lorsqu’il lui avait annoncée que Cassandra lui avait demandé de l’argent. A dire vrai, elle n’en revenait. Même si Cassie et Sam étaient amis, elle aurait très bien pu lui prêter elle même. Peut-être pas la totalité. Mais elle aurait également pu faire appel à une banque. Sam n’avait pas l’air plus bouleversé que ça de devoir lui avancer la somme en question. Même si elle ignorait le montant de la somme en question ! Elle ressortit de la Maison Blanche en pensant à sa meilleure amie et en entendant son portable retentirent, elle sut qu’il s’agissait d’elle.

" Je sors du bureau de Sam ! " lui annonça-t-elle.

" Comment va-t-il ? " la questionna Cassie.

" Tu dois le savoir aussi bien que moi étant donné que tu l’as eu au téléphone ! ". Des reproches dans la voix ?

" Ah, ça ? ! ? ! Moi je parlais plus de la tête qu’il a fait lorsqu’il t’a vu ? Il n’a pas bafouillé, il ne t’a pas regardé fixement, la bouche ouverte, un filet de bave au coin des lèvres… "

" Tu es ignoble, et tu ne sais pas de quoi tu parles ! "

" A d’autres ma chérie ! " la taquina Cassandra. " Bon, je suppose que tu veux savoir de quoi on a parlé ? "

" Il me l’a dit plus ou moins. "

" D’accord, alors écoute moi, retrouve moi à la maison à 18h00 et je te montrerai quelque chose, à tout à l’heure. "

Elle raccrocha avant que Mallory n’ait eu le temps de lui poser une question qui lui brûlait les lèvres. Elle avait une longue plage de temps libre devant elle, elle décida d’aller à la bibliothèque chercher quelques ouvrages. Elle ne s’attendait pas à tomber sur la personne qu’elle aperçut à peine entrée dans l’allée principale de la bibliothèque, mais elle décida qu’elle ne trouverait jamais d’autres occasions que celle-là pour l’approcher. Elle était à quelques pas de la chaise où elle était assise. Elle chuchota pour ne pas gêner les gens autour d’elles.

" Loïs ? " La jeune femme en question leva les yeux vers Mallory. " Je t’ai vue en arrivant, je me suis permis de venir un instant. Ecoute, tout à l’heure, je n’avais pas de mauvaises intentions en te demandant comment s’était passé ta journée. Je trouve ça normal qu’on se le demande entre collègues, il n’y avait rien dans ma question qui aurait du te mettre mal à l’aise, ou quoi que ce soit. Je vois très bien les réactions des autres face à toi, mais je les trouve parfois justifiées, tu es très agressive avec tout le monde, aujourd’hui était un bon exemple… "

" C’est moi. " l’interrompit Loïs. " C’est à moi de te demander de m’excuser. J’ai tendance à me mettre à l’abri derrière une carapace, et je ne le fais pas toujours à bon escient. Je ne pensais vraiment pas que tu t’intéressais à ma journée. "

Mallory se demanda soudain à quel moment de la journée, elle avait paru le plus surprise. Le midi, lorsqu’elle avait rencontré Yrsan. A quinze heures, lorsque Loïs avait transformé la salle des prof en véritable ouragan. Dans le bureau de Sam lorsqu’il lui apprit l’appel de Cassie. Ou à l’instant, lorsqu’elle découvrit que Loïs avait une voix douce et calme.

" La plupart des gens qui travaillent à l’école m’ont jugé dès mon arrivée, bien avant que tu n’arrives toi même. J’étais jeune et sans expérience. Et je ne me suis jamais sentie à l’aise au milieu de cette foule d’adultes. J’ai toujours eu peur d’eux, et ils ont toujours craint que je sois aussi dure avec eux qu’avec mes élèves. Mais je ne suis pas comme ça avec eux. J’aime mon travail. J’aime les enfants. Ce sont les gens stupides et bornés autour qui m’effraient… "

" Mais…Tu pourrais… " Elle cherchait ses mots pour ne pas la blesser. " On ne mord pas, je veux dire, nous sommes des êtres humains, et il ne nous est jamais venu à l’idée de nous en prendre à toi, ou… "

" Mallory, c’est très gentil d’être venue, mais je crois que tu ne peux pas comprendre, alors ne t’en occupe pas. "

Elle n’avait pas de ton menaçant, ni une once de méchanceté dans la voix. Mallory cernait difficilement sa personnalité, mais elle pouvait pourtant assurer que Loïs avait un fond très humain. Elle la laissa et se mit à errer dans les couloirs à la recherche d’un livre. N’importe lequel, elle n’avait pas d’idée précise. Elle les observa, attendant qu’ils se manifestent, ou qu’ils deviennent vivants. Elle resta devant une rangée pendant un quart d’heure sans pouvoir détacher ses pensées de sa conversation avec Loïs. Elle retourna sur ses pas et aborda de nouveau sa collègue.

" Je suis désolée de te déranger mais samedi soir, je vais aller prendre un verre avec une amie, tu es la bienvenue si tu n’as rien de prévu ! "

A présent, il était difficile de dire laquelle des deux étaient la plus surprise.

" Je vais y penser. " dit-elle en hochant la tête.

" Oh et puis, pendant que j’y suis, si tu ne l’as pas lu, je te conseille de prendre " Shadows " de Theodore Fulkins. Il faut que j’y aille, à demain ! "

Elle s’éclipsa et laissa Loïs réaliser la scène. Elle même était incapable de dire ce qui venait de se passer. Cassandra allait être furieuse, et elle n’était pas sûre d’avoir eu une bonne idée, mais elle l’avait fait. Son instinct l’avait poussée à le faire. Son père disait d’elle qu’elle avait une âme de Saint Bernard. Ses gros chiens sauvant des vies en pleine montagne. Peut-être. Elle était toutefois persuadée qu’inviter Loïs Duncan à boire un verre avec Cassandra Adams ne serait pas de tout repos. Mais ce serait pourtant bénéfique pour toutes les trois. Un pressentiment? Elle ne saurait le dire.

Elle traversa D.C. pour retrouver Cassandra chez elle, comme elles l’avaient convenu. Celle-ci habitait une maison tout juste rénovée, et très éloignée du centre ville. Le voisinage était calme et le quartier plutôt bien fréquenté. Elle se gara devant la maison sans mal et sortit immédiatement de son véhicule, excitée par tout le mystère qu’on tenait à conserver. Elle aperçut Cassie sortir à toute hâte de chez elle et elle courut vers Mallory.

" Remonte, on s’en va ! "

Mallory fut perplexe et tenta de lui soutirer des informations.

" Ne sois pas bête, on ne va pas aller bien loin ! C’est à cinq kilomètres à peine. "

Mallory ne put discuter et elle reprit le volant sous les indications évasives de Cassandra. Elles se rapprochèrent du centre ville que Mal avait quitté quelques minutes plus tôt et Cassandra l’incita à prendre une rue adjacente. Elles roulèrent ainsi pendant un quart d’heure, quand Cassie lui hurla de s’arrêter. Elle lui lança un regard pur lui demander de la suivre et elles sortirent en même temps de la voiture. Cassie fit le tour et attrapa Mallory par le bras. Elle la tira jusqu’à ce que Mal aurait qualifié de hangar désaffecté.

" Tadam ! " s’écria Cassandra en montrant la bâtisse abandonnée.

" Ca me laisse sans voix, mais je doute que ce soit pour la raison à laquelle tu penses. " Elle tenta de desceller un indice de ce qu’elle comptait faire de ce bâtiment.

" Tu es...perplexe ? "

" Pour le moins ! " admit-elle en restant de marbre.

" Cet endroit, que nous ne pouvons encore nommé, deviendra d’ici quelques mois, le Diamond Dogs, l’endroit le plus branché et le plus fréquenté de D.C. ! "

" Non, tu n’as pas fait ça ? " demanda Mallory sur un ton de reproche.

Cassandra haussa les épaules.

" Tu m’as dit de me lancer, c’est ce que j’ai fait, et ton petit ami a accepté de me prêter de l’argent, à condition qu’il ait son mot sur certains investissements, et je n’y vois pas d’inconvénients, et en plus, j’aurai vite fait de le rembourser. "

" Quand tu dis mon petit ami, je suppose que tu fais allusion à Sam ? " Elle prit une inspiration. " Le sujet n’est pas là, mais il n’est pas mon petit ami, et en plus, je trouve que c’est une idée absurde ! "

" Mal la Rabat Joie est de retour parmi nous, applaudissez la bien fort ! Où est passé celle qui ce midi encore m’incitait à tout plaquer pour devenir mon propre patron ? "

" Je ne t’ai jamais conseillé d’ouvrir une boite de nuit dans un endroit aussi paumé, délabré, et...et...plein de cafards ! " Elle était à présent en colère. " C’est de l’inconscience. Jamais tu ne trouveras assez d’argent pour financer les travaux, et les remboursements ! Si tu avais racheté une ancienne boite, je ne dis pas, mais c’est une vieille usine qui n’a plus de raison d’être ! La rénovation de ce truc va te coûter plus cher que...que...que je ne sais pas quoi, mais c’est de l’inconscience et quand je pense que Sam a cautionné ta folie, ça me rend dingue. " Elle dévisagea Cassie. " Et ne prends pas ce petit sourire comme si tu te moquais de moi, car je suis de très mauvaise humeur, et je trouve que tu n’en fais qu’à ta tête ! Mais qu’est-ce qui t’as pris d’acheter ce truc ? "

" Ce qui te dérange, c’est que j’ai acheté ce bâtiment plutôt qu’un autre, qui aurait été mieux situé, et moins délabré ? "

" Ce qui me dérange c’est que tu déformes absolument tout ce qu’on te dit et que tu brodes ce qui t’arranges quand ça t’arranges. "

" Laisse moi te dire que si l’endroit est reculé c’est pour ne pas gêner les zones d’habitation de la ville, et si ce taudis semble être un taudis vu de l’extérieur, tu dois savoir que l’intérieur est nickel et que par conséquent, les travaux ne seront pas si importants. Tu crois vraiment que j’aurai acheter un truc minable ? Qui plus est avec Sam sur le dos ? "

" Je te crois capable de tout à présent ! " Mallory avait croisé ses bras sous sa poitrine et trépignait.

" Jamais contente ! " sourit Cassandra. " Pense à la superbe boite de nuit que cela va devenir. Pense que tu as devant toi la femme qui te laissera entrer, boire et danser à volonté. "

" Tu es complètement folle. Toi, et Sam. Vous êtes malades ! "

" C’est pour ça que tu nous aimes, non ? "

En poussant la porte d’entrée, elle appuya sur l’interrupteur et le hall s’illumina aussitôt. Elle laissa tomber son sac par terre. Elle déboutonna son manteau qui glissa le long de ses épaules et resta sur le carrelage. Elle se dirigea vers son salon et ôta ses chaussures. Elle s’allongea sur le canapé et ferma les yeux. Toutes sortes d’images affluèrent et elle les laissa la submerger. Elle était épuisée. Les enfants, les collègues, les amis, les parents. Elle se rendit compte qu’elle avait oublié d’appeler sa mère pour la tenir au courant de sa rentrée. Elle jeta un œil à sa montre mais décida qu’il était trop tard pour déranger Jenny. Elle l’appellerait le lendemain à la première heure. Mais elle fut prise de fatigue. Elle avait besoin d’un bon bain chaud et d’une longue nuit de sommeil. Elle tourna la tête vers son téléphone et appuya sur un bouton pour écouter les messages de son répondeur.

" Mallory, c’est maman, si tu ne rentres pas trop tard, appelles moi, et quand tu auras un peu de temps, tu pourrais passer à la maison, on déjeunera ensemble ! "

" Ta mère a appelé trois fois au bureau pour savoir où tu étais passé, alors n’oublie pas de l’appeler quand tu rentreras et s’il est pas trop tard, appelle à la Maison Blanche pour me dire que tu es rentrée. Je t’embrasse ma chérie. "

" Mal, c’est Sam. Ecoute...je suis désolé pour aujourd’hui, j’ai appris que tu étais contre le projet de Cassie. Mais tu devrais attendre de voir ce que ça va donner, elle a des idées excellentes, elle est motivée, et le projet tient la route. Enfin, je n’appelais pas pour te parler de ça, je voulais surtout te remercier d’être passée, ça m’a fait plaisir de te voir. A bientôt. "

Mallory se releva et se laissa un sourire passer sur son visage. Elle marcha lentement vers sa chambre et referma la porte derrière elle.




Ecrit par spleen, le Samedi 16 Août 2003, 18:24 dans la rubrique "lecture".