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Utopie
suite

" Allô ? Papa ? "

" Mal, il est arrivé un accident ! "

Le sourire de Mallory s'effaça aussitôt, et Sam prit un air inquiet.

" Que se passe-t-il, c'est Maman ? "

" Non, Chérie, c'est Annie. "

Il ne dit rien de plus, toutes sortes de pensées occupèrent alors l'esprit de Mallory qui ne pouvait rien dire.

" Que lui est-il arrivé ? "

" Chérie, je suis sur la route pour l'hôpital...tu devrais nous y rejoindre... "

" J'arrive tout de suite. "

Toutes sortes de questions jaillirent des yeux de Sam, elle ne savait comment y répondre. 

" Je dois y aller...C'est...ma tante... "

Elle tentait de maîtriser ses tremblements, mais elle avait l'impression qu'elle allait s'écrouler incessamment sous peu. Elle avait l'impression d'avoir des jambes en coton.

" Je vais venir avec toi... "

" Sam, ce n'est pas vraiment le moment de nous afficher... " Elle était autant blessée que lui de dire ce qu'elle venait de dire. " C'est pas ce que je voulais dire... "

" Je sais...tu n'es pas en état de conduire, je te dépose, et je m'en vais. "

Elle s'avoua intérieurement qu'elle était soulagée qu'il lui propose cela. Elle craignait de ne pouvoir se retenir assez longtemps, et d'arriver entière à l'hôpital.

" Si ça ne te dérange pas... "

" Laisse moi prendre mon manteau. Je te dépose, et je disparais. "

Durant le trajet, Sam n'osa pas prononcer quoi que ce soit. Il était en fait persuader qu'il valait mieux qu'il garde le silence. Il savait qu'il ferait une gaffe en parlant. Aussi ne décrocha-t-il pas un mot. Et elle lui en fut encore une fois reconnaissante. Elle le remercia rapidement en arrivant devant l'hôpital et il la rassura. Elle n'avait pas besoin de le remercier, elle devait filer, et retrouver sa famille. Ce qu'elle fit. Elle parcourut les couloirs de l'hôpital, qui lui parut alors immense, et se rendit au service des urgences. Elle ne savait pas où trouver les siens. Ils n'étaient peut-être pas encore arriver. Ou bien... Elle aperçut son père qui se tenait debout, et sa mère était assise...Non, elle était assise et effondrée sur elle même, et Leo tentait de la calmer. Elle était en larmes, et Virginia aussi. Virginia était elle aussi effondrée, elle s'était laissée glisser le long du mur, et des sanglots la secouait violemment. Elle parcourut les quelques mètres qui les séparaient en courant, et appela son père. Leo se retourna aussitôt et vint à sa rencontre.

" Que s'est-il passé ? " Elle gardait les yeux rivés sur sa mère et sa cousine, et elle aperçut un peu plus loin son oncle, qui lui aussi pleurait. " Oh mon Dieu... " dit-elle à voix basse.

" Mal, ta tante Annie a fait un arrêt, on a tout de suite appelé une ambulance... "

" Les médecins sont auprès d'elle, n'est-ce pas ? Ils font leur possible ? Papa, dis moi qu'elle est entre de bonnes mains ? Hein Papa ? " Elle tentait désespérément de se faire rassurer.

" Elle est décédée dans l'ambulance. " dit-il d'un ton morne.

" Non ! " hurla-t-elle.

Elle se jeta dans les bras de Leo qui lui souffla de se calmer. Elle se mit à pleurer, elle inonda l'épaule de son père, et elle ne pouvait se défaire de lui. Elle regardait les membres de sa famille, accablés par le chagrin. Elle décida finalement d'aller voir sa mère. Elle prit sur elle pour sécher ses pleurs et se montrer rassurante. Elle s'approcha et caressa les cheveux de Jenny.

" Maman... "

Jenny ne leva pas les yeux mais prit la main de Mallory dans la sienne. Mal s'assit immédiatement près d'elle. Mallory ne savait pas quoi dire qui pourrait soulager la peine de sa mère, elle savait que rien ne pourrait soulager sa douleur. Elle la laissa alors pleurer, pensant que seulement ainsi la douleur s'effacerait, et le souvenir de la perte de sa sœur qu'elle chérissait deviendrait moins dur.

" On n'a pas eu le temps de se dire au revoir... " sanglota-t-elle.

" Je t'en prie Maman, calme toi... " murmura Mallory qui retenait elle aussi ses pleurs.

Elle regarda Leo qui s'était agenouillé près de Virginia pour prendre soin d'elle. Et elle regarda du côté de son oncle Arthur, que Tess tentait de soutenir. Il paraissait tout aussi battu. Elle se demanda alors où étaient les enfants. Et où était Margaret qui avait du se sentir affreusement mal, et aussi l'amie du club de gym de sa mère ? Elle laissa ses interrogations de côté, elle se rapprocha d'avantages de Jenny qui ne contrôlait pas ses larmes. Elle posa sa tête sur les genoux de sa fille, comme si les rôles étaient inversés. Comme si elle était la petite fille qui venait de faire un cauchemar, ou qui venait de tomber en faisant du vélo. Ou encore sa petite fille lorsqu'elle avait vécu son premier chagrin d'amour. Et Mal la protégeait, comme Jenny l'avait toujours fait. Elle lui caressa les cheveux, calmement, et ses gestes doux voulaient soulager le chagrin de sa mère. Noël était une fête que Jenny n'appréciait pas. Désormais, elle haïrait cette fête, qui serait un jour de désespoir, le jour où elle avait perdu sa sœur adorée, sa grande sœur qu'elle avait toujours admiré et pris pour modèle.

 

Cassandra s'était absentée en même temps que Mallory. En réalité, Mallory avait prétexté que Cass devait se rendre au Diamond Dogs pou se rendre à la Maison Blanche. Elle avait dit à ses parents, pour ne pas éveiller de soupçons, qu'elle conduisait Cassie à la boîte car elle avait un peu trop bu. Mais elles avaient pris leurs voitures respectives, et s'étaient rendues à deux endroits bien différents. Cassandra était inquiète pour son club, elle ne s'était jamais absentée aussi longtemps depuis son ouverture, et malgré la confiance qu'elle portait à son barman préféré, elle n'aimait pas être loin de son bar et de ses lumières tamisées. Tout se passait bien, malgré ses angoisses. Martin se débrouillait très bien. Il n'y avait aucune raison de s'en faire. Elle resta une heure. Elle servit quelques clients. Elle salua le groupe qu'elle avait engagé pour jouer, un soir de Noël, et elle leur offrit une coupe de champagne qu'elle partagea avec eux. Elle se rendit compte que la salle se vidait doucement. Elle demanda ainsi à Martin si cela ne le dérangeait pas de faire la fermeture, à quoi il répondit que ce n'était pas un problème, et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter. Elle s'apprêtait à repartir à sa soirée, mais elle eut une autre idée. Elle se rendit dans son bureau, où elle était plus au calme pour passer un coup de fil.

" Allô ? "

" Bonsoir, c'est moi. "

" Bonsoir... "

Yrsan était au bout du fil. Cassie souriait tout en lui demandant ce qu'il faisait.

" Je suis devant la télé. Il passe un vieux film avec John Wayne. Et toi, ta soirée ? "

" Je suis au club, pour l'instant. Je m'apprêtais à repartir, mais je me suis dit, comme tu es tout seul, pour Noël...je pourrais passer. Qu'est-ce que tu en dis ? "

" J'en dis que j'ai hâte que tu sois là. Je t'attends. "

" J'arrive ! " souffla-t-elle.

Elle raccrocha en se mordillant les lèvres, son regard pétillait et son sourire s'élargissait. Mais elle voulait avant tout prévenir Mallory de ne pas s'inquiéter. Elle allait lui dire qu'elle était un peu fatiguée, et qu'elle faisait la fermeture avant de rentrer. Elle appela tout d'abord chez les McGarry, mais personne n'y répondit. Elle trouva cela curieux, mais essaya sur le portable. Deux sonneries passèrent.

" Allô ? " répondit une petite voix.

" Mal, chérie, je me demandais si... " Elle s'interrompit. " Mal, qu'est-ce qui se passe, tu as une voix bizarre. "

" C'est Annie. Elle a fait un arrêt, mais on n'a pas pu la réanimer. "

Cassie accusa le coup et demanda aussitôt :

" Comment tu te sens ? "

" Ca va. Je ne dirais pas la même chose de ma mère, ou encore de mon oncle et encore moins de Virginia. Mais moi ça va. Cass...ça t'ennuierait de ne pas revenir...on va rentrer, mais tu sais... "

" Bien sûr, ne t'en fais pas...j'appelais pour te dire que je devais fermer...Tu n'as besoin de rien ? "

Mallory tenta de la rassurer en lui disant qu'elle allait bien, et que tout ce dont elle avait besoin, c'était de repos et de calme. Cassandra n'insista donc pas.

" Appelle moi si tu veux quoi que ce soit... "

Cassie raccrocha et se demanda aussitôt si elle faisait bien d'aller se réfugier secrètement dans les bras d'Yrsan, après la tragédie que venait de vivre Mallory. Mais elle savait aussi que Mal n'accepterait pas de pitié. Elle voulait s'occuper de sa mère qui était anéantie, et elle avait son père. Rejoindre ou non Yrsan ne changerait rien.

 

Les obsèques d'Annie Peterson O'Brien se déroulèrent le 28 Décembre. Le temps se prêtait à l'événement. Il faisait froid et sec. Pas un flocon de neige. La neige ne tombait-elle donc que lors des moments heureux, ou pour émerveiller les enfants ? Elle avait quelque chose de rassurant la neige, et elle était absente de ce jour sombre. Les proches de la défunte étaient réunis autour de la tombe, dans un cimetière de Washington. Tel avait été le désir d'Annie. Reposer à Washington, une ville fascinante selon elle. Mallory ne comprenait pas très bien pourquoi. Cette ville n'avait rien de plus fascinant qu'une autre, et comparée à New-York, ou San Francisco, que pouvait-elle avoir de fascinant ? Mal n'avait pas eu le courage de se rendre seule à ces funérailles. Elle avait prié Sam de l'accompagner. Elle se moquait éperdument à présent que ses parents les voient ensemble, d'ailleurs, ils n'y prêteraient pas attention. Pas dans leur état.

Sam s'était rendu dans le bureau de son patron et lui avait demandé s'il pouvait s'absenter le matin du 28. Bien sûr Leo lui avait demandé pourquoi. Il lui avait dit honnêtement que Mallory ne voulait pas y aller seule, et qu'elle ne se sentait pas la force de rester seule au milieu de sa propre famille. Il fut surpris que Leo n'y oppose aucune résistance. Mais il avait sans doute autre chose à penser.

La couleur noir dominait, comme à tout enterrement. Mallory portait un tailleur noir cintré, et un manteau qui lui tombait au dessus du genoux, qu'elle avait négligé de fermer. Elle se tenait debout, contre Sam, qui lui prit la main, alors que le prête bénissait le corps et le cercueil...Enfin, il ne savait pas exactement ce qu'il bénissait. Il n'écoutait pas les paroles du prêtre. Il se concentrait sur celle qui était à ses côtés. Elle avait le teint inhabituellement pâle, les joues creusés, et les yeux cernés. Ce qui n'avait rien d'étonnant, vu les circonstances. Jenny et Leo, Arthur et Tess, et Mallory et lui étaient au premier rang. Virginia était elle aussi devant, mais elle se tenait en retrait. Mallory la regarda discrètement, et lut la peine dans ses yeux. Elle se mettait à sa place, et s'imaginait perdre sa mère. Elle n'aurait peut-être plus de raison d'être. Jenny McGarry était ce qu'elle était. C'était sa mère. Et connaissant Annie, son caractère attachant, elle comprenait que des gens qui n'étaient pas des proches pleurent sa disparition. Cassie était venue aussi. Sam la remarqua, qui restait discrète et en retrait. Elle aussi était vêtue de noir, et Sam fut frappé par la gravité de son visage. Il ne l'avait jamais vu ainsi. Il découvrait presque une autre femme en la voyant. La bénédiction prit bientôt fin. Et chacun passa devant le cercueil, déposant une rose, une dernière pensée, et un dernier signe de croix. Mallory sentit, en passant devant la tombe que la main de Sam serrait d'avantage son épaule, et elle sentit alors le réconfort qu'il souhaitait lui offrir.
Bien que n'ayant pas la tête à ça, Jenny avait fait faire un repas et avait invité tous les gens présents à la cérémonie à venir déjeuner chez elle. Mal pria Sam de ne pas l'abandonner, et il la rassura d'un regard.

" Je resterai aussi longtemps que tu le désireras. "

Mallory voulait également voir Cassie, mais elle s'était retirée avant qu'elle n'ait pu lui parler. Chez Jenny, elle était écœurée de voir les gens se jeter sur la nourriture, et manger sans penser qu'une heure auparavant, ils enterraient quelqu'un de cher. Elle s'était assise sur un chaise de la salle à manger, et Sam était resté près d'elle. Elle regardait avec dégoût les gens faire comme si il ne s'était rien passé. Mais le visage de sa mère lui rappelait sans cesse qu'il n'en était pas ainsi.

" Ce n'est pas tant le fait que ma tante soit décédée... " avoua-t-elle à Sam. " J'ai l'impression de devenir folle. Je ne blâme pas la réaction de Maman, mais elle pleure toute la journée, elle reste cloîtrée dans sa chambre, et quand elle en sort, elle se met à parler à Annie, comme si elle n'était pas partie. "

" Il faut lui laisser un peu de temps. "

" Je sais, mais j'ai du mal à supporter ses réactions. Elle m'effraie, j'ai l'impression d'être dans une maison de dingue, et j'ai l'impression que je vais finir par le devenir moi aussi. "

" Ca n'arrivera pas ! " dit-il pour la rassurer. Il s'accroupit pour pouvoir la regarder dans les yeux. " Je te promets que ça n'arrivera pas. Ta mère a besoin de se faire à l'idée que sa sœur est partie. Elle va mettre du temps, et ce sera difficile à accepter. Mais elle y survivra. C'est malheureux, mais elle est en vie, et elle a une magnifique fille qui est là pour elle... "

Mallory esquissa un sourire.

" Tu choisis si bien ton moment pour me faire la cour ! "

Ils rirent tous les deux.

" Il faudrait que je retourne au bureau, à moins que tu... "

" Non, vas-y ! Je vais m'en sortir. "

" Tu es sûre ? " Elle acquiesça. Il l'embrassa sur le front et enfila son manteau. " Je vais aller présenter une dernière fois mes condoléances à ta... "

" Sam, c'est pas la peine, elle ne se rend même pas compte qu'on est là. Retourne au bureau, ça va aller ! "

" D'accord. Je t'appelle ce soir ! "

Elle lui fit un petit signe de la main, et laissa son regard se perdre dans le néant.

 

Mal passait chaque jour chez sa mère, et elle y restait la journée entière. Jenny et Virginia ne se remettaient pas de la mort d'Annie, ce que Mallory comprenait. Les deux femmes passaient leurs journées cloîtrées. Elles s'installaient dans le salon et se fabriquaient des cages où elles s'enfermaient. Elles ne parlaient pas, ne bougeaient pas. Mallory faisait preuve de patience, et restait attentive, s'occupant de sa mère et de sa cousine comme elle le pouvait. Elle ne faisait rien d'autre que veiller sur elle. Le soir, c'était Leo qui prenait la relève. Et jusqu'à ce que Leo arrive, Ruth était là. Mais Mal attendait la plupart du temps son père, qui la réconfortait comme il le pouvait. Il savait que même si elle ne disait rien, elle souffrait à l'intérieur. Leo s'était installé là bas, le temps que tout rentre dans l'ordre, et il passait ses nuits au chevet de son ex-femme et de sa nièce.
Mallory était chez elle, il était quinze heures. C'était la première fois depuis le drame, qu'elle ne s'était pas rendue chez sa mère. Mais elle avait dormi tard, rattrapant le sommeil qui lui manquait, et elle n'avait pas le courage de sortir. Elle ne s'en sentait pas la force, et se demandait même si elle ne couvait pas quelque chose. Elle se fit chauffer du thé et s'installa confortablement dans son canapé. Elle plia ses jambes vers elle, et posa son menton sur ses genoux. Elle fixa ensuite la fine fumée qui s'échappait de sa tasse brûlante. Cette vapeur d'eau agissait comme de l'hypnose sur elle. Elle sentait son corps se relaxer et ses muscles se relâcher, pour la première fois, elle ne pensait à rien d'autre que l'eau fumante. Jusqu'à ce que quelqu'un frappe à sa porte. Elle se leva sans enthousiasme et ouvrit la porte pour y voir Loïs. Elle fut surprise et heureuse de la voir. Loïs ouvrit aussitôt ses bras et enlaça Mallory.

" Comment tu te sens, ça va ? "

" Oui, ça va ! " dit-elle sans y croire. " Entre ! "

Loïs suivit son amie dans le salon, où elle lui proposa de s'asseoir. Elle retira son manteau et le posa sur un accoudoir de fauteuil. Mallory lui proposa également du thé, ou du café. Elle prit volontiers du thé. Elles s'assirent l'une face à l'autre. Loïs avait un regard compatissant et Mallory ne voulait pas vraiment de la pitié des gens. Elle préférait s'en passer. 

" Je ne t'ai même pas appeler...tu as passé de bonnes fêtes ? " demanda Mallory pour détourner la conversation.

Loïs ne répondit pas. Elle regarda Mallory et se demanda si elle devait lui parler de son réveillon de Noël. Elle mourrait d'envie de lui en parler, car Mallory était la première amie qu'elle avait depuis longtemps, une de ses seules vraies amies. Mais elle était si triste et accablée qu'elle ne pouvait infliger à Mallory ses histoires.

" J'ai passé Noël en famille. C'était bien. "

Elle ne s'étala pas d'avantage sur le sujet.

" Suis-je bête ! " s'écria Mallory. " J'allais oublier ton présent ! "

Elle se leva pour aller chercher un paquet cadeau. Loïs fit de même. Elle sortit elle aussi un cadeau de son sac qu'elle tendit à Mallory. Elles échangèrent donc les jolis parquets enrubannés, avec de larges sourires.
Loïs ne fut guère étonnée qu'il s'agisse d'un livre, la forme du paquet ne laissait que peu de possibilités. Mais elle fut émerveillée de voir que c'était un livre très anciens. La couverture était en cuir et imprimée d'or. C'était magnifique, et elle savait que Mal lui aurait fait un cadeau de ce genre. Elle était ravie. Elle espérait que son amie serait tout aussi ravie de son présent. Mallory ouvrit avec empressement la boite et en sortit avec délicatesse ce qu'elle contenait. Elle regarda avec admiration le coffret, qu'elle imaginait déjà dans sa chambre.

" C'est une boite à musique ! " lui indiqua Loïs.

Elle souleva le couvercle et tendit l'oreille vers la mélodie qui lui rappela aussitôt son enfance, et les contes de fées qu'elle lisait, ou qu'elle écoutait lire de son père lorsqu'il ne rentrait pas trop tard.

" C'est un magnifique cadeau ! "

" Vraiment ? " demanda Loïs, encore incertaine de son choix.

Pour réponse, Mallory enlaça son amie et la remercia chaleureusement. Loïs remercia elle aussi Mal, et lui assura qu'elle avait fait le bon choix.

" J'aurai voulu que ce Noël soit un peu moins sombre pour toi... "

Mallory lui sourit pou la rassurer.

" Je vais bien. Je vais mieux que ma mère ou que ma cousine. Et je t'avouerai que je suis heureuse que tu sois là, j'allai aller les voir, mais dès que j'y suis, j'ai l'impression que je vais péter les plombs...Elles me rendent folles. "

" C'est Sam qui m'a appris la nouvelle. On s'est croisé au Diamond Dogs. Il venait déposer des papiers à Cassie... " Elle hésita. " Et comment ça va, avec Sam ? "

La réponse fut un bref haussement d'épaules.

" On s'entend bien. On aime bien être ensemble. "

" Depuis combien de temps sortez vous ensemble ? "

" On ne sort pas ensemble ! " répondit Mallory sur la défensive. " Tu te trompes, on ne sort pas ensemble, c'est juste que de temps en temps, on aime bien aller prendre un café...ou aller au ciné...ou parler politique... "

" Ou vous faire des bisous ? "

Mallory secoua la tête, presque horrifiée.

" Non, tu te fais des idées, ce n'est pas le cas ! "

" Si tu le dis... " Elle n'insista pas. Elle prit sa tasse et but son thé, en remarquant que les joues de Mallory s'empourpraient.

 

La nuit était tombée sur Washington, mais les bureaux de la Maison Blanche étaient encore éclairés, les employés y travaillaient encore d'arrache-pied. Il vint à Sam l'idée de se rendre dans le bureau de son patron, histoire de vérifier que tout, à part le boulot, allait bien. Il se rendit dans le bureau de sa secrétaire, mais elle était déjà partie, ou du moins, elle s'était absentée de son poste. Il frappa alors quelques coups.

" Entrez ! "

Il ouvrit la porte et se glissa à l'intérieur du bureau. Leo était derrière son bureau, en plein travail, comme il s'y attendait.

" Comment ça va ? "

" Aussi bien que possible ! " répondit-il sans lever les yeux.

" Est-ce que...tu veux que je m'occupe d'un ou deux dossiers, pour que tu puisses rentrer plus tôt ? "

" Non, Sam, tu m'as déjà bien aidé le soir de Noël, c'est à moi de le faire. Et puis je ne suis pas si pressé de rentrer...C'est une véritable catastrophe qui est arrivée. "

" Jenny est toujours dans le même état ? "

" Et ma nièce aussi. La gamine a 28 ans. "

Sam lui offrit un regard emplit de sympathie, et se dirigea vers la porte pour se retirer, mais Leo l'interpella.

" Je voulais aussi te remercier d'avoir été là pour Mallory. Je ne pensais pas que je te dirai ces mots là en face un jour, mais je sais qu'elle avait besoin de toi l'autre jour. Merci Sam. "

" Y a vraiment pas de quoi Leo ! "

Il sortit et referma la porte derrière lui. Leo observa les photos qu'il y avait sur son bureau. Il n'y en avait que pour sa fille. Il avait enlever celle où figurait Jenny, c'était devenu dérisoire. Seule sa fille lui permettait de s'évader de temps à autres. Il pouvait passer des heures à regarder ces photos, et elles lui permettraient de trouver le courage lorsqu'il en manquait.

 

Il était deux personnes que le drame avait épargné. Ils se sentaient concerné, mais seulement par la peine de leur amie. Yrsan et Cassandra se retrouvaient en cachette depuis un mois et demi, presque. Ils avaient passé la nuit chez Cassie ce soir là. Mais bien que non concernés, ils ne parvenaient pas à trouver le sommeil. Comme s'ils pensaient à la même personne, qui devait vivre un cauchemar. Cassie ne se trouvait pas assez présente pour sa meilleure amie, et Yrsan ne savait pas comment se comporter avec Mal. Ils ne se connaissaient pas depuis suffisamment longtemps pour qu'il se permette de tenter de lui apporter du réconfort. Ils étaient allongés et serrés l'un près de l'autre. La pièce était sombre et silencieuse. Ils ne parlaient guère. Dans la pénombre, Yrsan tentait toutefois d'observer la pièce. Il était un peu fasciné par cet endroit, il pensait y découvrir des indices sur la personnalité de Cassie, des choses qu'il ignorait d'elle, car elle cachait quelque chose de profond en elle. Elle n'était pas seulement cette femme fatale qui faisait chavirer les hommes. Elle avait d'ailleurs su le faire chavirer, lui, celui que tant de femmes voulaient avoir, mais qui ne parvenaient pas à leurs fins.

" Qu'est-ce que tu cherches ? Depuis que tu es arrivé tu scrutes partout ! Tu ne trouveras pas mon mari, il est dans notre résidence secondaire en Caroline du Sud. "

Yrsan ne put s'empêcher de rire.

" Je trouve que cette pièce te ressemble. "

A vrai dire, ce qu'il voulait affirmer par là, était que comme elle, la pièce n'avait pas besoin d'apparat pour être belle et agréable. Les murs étaient blancs. Il y avait juste un tableau accroché. C'était une maison. Une maison ensoleillée. Il y avait une commode et une armoire, en pin. Le lit était en pin, et des fleurs venaient colorer la couette, les draps et les oreillers. Il y avait une table de nuit de chaque côté du lit. Les rideaux de la fenêtre rappelaient les motifs des draps. Elle était simple mais charmante, cette pièce. Il y régnait une douce chaleur, qui n'avait rien d'étouffant. Et puis, d'avantage que la chambre, il avait près de lui une créature superbe. Il traçait les courbes du corps de Cassie d'un geste doux, qui la faisait sourire. Et qui par moment la chatouillait.

" Je n'ai jamais rien vu de plus beau dans ma vie ! " lui avoua-t-il. " Cassie, tu es belle, vraiment très belle. Et tu n'imagines pas à quel point je suis attiré par toi. "

Elle ne répondit pas, car à son grand étonnement, elle se sentit troublée d'une telle déclaration.

" Moi aussi je vais t'avouer quelque chose. Tu sais... " Elle cherchait ses mots. " J'ai la réputation d'être...d'être ce qu'on appelle une fille facile. " Elle s'appuya sur son coude. " Crois moi ou pas. Je ne suis jamais restée autant de temps avec un homme. " Ce fut son tour de rester sans voix. " Enfin, je veux dire...avec un seul homme... "

Il l'embrassa et l'attira vers lui. Le baiser fut long et passionné.

" J'en ai assez de parler ! " dit-il. " J'ai d'autres projets pour cette nuit ! "

 

Mallory était dans sa cuisine, et avait le téléphone calé sur une épaule. Elle préparait à manger, et sa mère était à l'autre bout du fil.

" Est-ce que tu voudrais venir dîner à la maison demain soir ? "

" Bien sûr Maman ! " répondit-elle tel un automate, sans vraiment avoir envie de se rendre là bas pour dîner.

" Il y aura ton père aussi. "

" Très bien. Je serai là à sept heures. Besoin de rien ? "

" Non, à demain soir ma Chérie ! "

Elle raccrocha et continua de fouetter la préparation pour son omelette. Elle expira lentement. Elle avait accepté d'aller manger là bas, mais elle n'en avait pas du tout envie. C'était un calvaire de se rendre là bas, c'était ce qu'elle évitait à tous prix. Mais elle ne pouvait pas refuser cela à sa mère, elle savait qu'elle avait besoin d'elle, et elle aurait l'impression d'agir en égoïste et de laisser tomber sa famille. Elle n'aimait pas Virginia, et elle détestait lorsque sa mère tentait de jouer les grandes dames devant elle, mais il s'agissait de sa mère, et de sa cousine. La famille était sacrée, c'était ce qui lui avait enseigné son père, et après lui, le Président des Etats-Unis. Lâchez lui les baskets...c'est votre père ! Les paroles de Jed Bartlet lui revenait en mémoire. Il ne s'agissait plus de son père et de ses montagnes de boulot. (il ne s'agissait plus de parler d'une montagne de boulot, mais bel et bien d'une chaîne montagneuses). Il s'agissait cette fois de sa mère. La dernière fois où elle l'avait vu cloîtrée ainsi sur elle même, refusant de parler, s'enfermant dans son silence, c'était lorsque Leo rentrait complètement ivre, et qu'il était alors inutile de parler avec lui. Son père avait été un alcoolique et un drogué. Et malgré cela, sa mère était restée à ses côtés, par amour et par dévotion. Comment se faisait-il que le plus dur passé, elle prenait la décision de rompre ? Mallory ne comprenait pas comment on pouvait aider un homme alcoolique à sortir de son engrenage infernal, subissant les coups moraux, encaissant tout ce que le mariage avait de pire à offrir, et baisser les bras pour quelques paperasseries qui le tenait éloigné de la maison trop souvent. Mallory reconnut elle même qu'elle était excédée des retards, et des dîners annulés, et des longues nuits à l'attendre, mais elle ne pouvait pas abandonner son père. Pas plus qu'elle n'abandonnerait sa mère. Tous deux avaient besoin d'elle. Mais c'était ainsi. Ils l'excédaient, au point qu'elle se sentait elle même devenir complètement cinglée.

Le lendemain soir arriva trop rapidement à son goût. C'est Ruth qui lui ouvrit la porte de la résidence. Ruth et son regard bienveillant, ses mots rassurants. Mallory se demanda soudain comment une femme si bonne pouvait supporter de travailler pour le dragon qu'était sa mère. " Quand on parle du loup... "

" Bonsoir Chérie ? Tu te sens bien ? "

" Ca va, Maman. Et toi, comment te sens tu ? " demanda-t-elle d'un air concerné.

" Ca va. Viens, Nia est dans le salon, et ton père a appelé, il quittait le bureau. "

Elle suivit sa mère et embrassa Virginia qui étai assise dans un fauteuil du salon. Un grand silence emplit la pièce. Mallory alla s'installer devant la cheminée pour se réchauffer.

" Tu n'es pas très bavarde ces temps-ci, Mal ! " dit Jenny, comme si elle occultait les événements récents.

" Tu sais, je ne reprends le boulot que lundi, alors je n'ai pas grand chose à te dire. "

" Parle moi de l'école ! " lui demanda doucement Virginia.

Sa cousine fut surprise d'une telle demande.

" Et bien... " Que dire ? " C'est une école primaire...qui est connectée à un collège, et c'est un établissement normal... "

" Combien d'élèves as-tu ? "

Elle s'intéresse tant à moi ? s'interrogea Mallory.

" J'ai 23 élèves. Des CM2. "

" Et est-ce qu'il y a une matière que tu préfères aborder avec eux ? "

" Non. Non, je pense que j'aime tout ce que je leur enseigne. J'ai peut-être une préférence pour l'anglais et l'histoire, mais... "

Leo arriva à cet instant. Il salua tout le monde, embrassa plus particulièrement sa fille, et Jenny proposa de passer à table. Ruth fit le service, qui se déroula dans la salle à manger, sur la grande table de chêne. Mallory trouva cette idée stupide. Ils auraient très bien pu dîner dans la cuisine, sur la table ronde, ou encore dans le grand salon, qui ne servait jamais à rien, depuis que son père n'habitait plus ici. Il choisissait toujours de se réfugier dans le grand salon pour faire ses mots croisés, assis confortablement dans un fauteuil. Elle ne s'attarda pas sur le sujet. Au cours du repas, et précisément au moment où Ruth desservait les assiettes pour les remplacer pour des assiettes à dessert, Jenny changea le sujet de la conversation qui n'était jusqu'alors que politique.

" Bien, nous n'allons pas parler de l'état de l'Union toute la soirée, n'est-ce pas ? Nia voudrait nous dire quelque chose. "

Les regards se tournèrent donc vers la jeune femme qui repliait sa serviette sur ses genoux.

" J'ai bien réfléchis, Dieu sait que cela m'a été pénible ces derniers temps...Mais...Tante Jenny, Oncle Leo, Mallory, avec votre permission, j'aimerais rester quelques temps à Washington. "

Mallory sentit son visage devenir pâle, aussi pâle que la porcelaine. Elle avala difficilement le vin qu'elle venait d'absorber. Leo vit le malaise se peindre sur les traits de sa fille et tenta aussitôt de remédier à la situation.

" Oui...Bien sûr...Je pense que c'est une bonne idée de ne pas repartir pour Boston tout de suite. Mais... "

" Oh voyons, tu es ici chez toi, ma petite Nia...Ma maison est la tienne ! " dit Jenny en recouvrant la main de sa nièce de la sienne. " Reste ici autant que tu le souhaiteras, je serais tellement heureuse d'avoir un peu de compagnie. "

Le verre de Mallory lui échappa et se déversa sur la nappe blanche. Elle épongea aussitôt avec sa serviette.

" Qu'en penses tu Mallory ? "

Elle leva les yeux vers sa cousine. Les gestes brusques qu'elle faisait et ses mains tremblantes trahissaient un état tendu.

" Et bien je pense que tu as raison de ne pas vouloir rentrer tout de suite, mais que vas tu faire à Washington ? Tu comptes trouver un travail ? Faire du bénévolat ? Ou bien faire la lecture à Maman ? "

" Mallory ! " s'outra Jenny.

" Mallory a raison, Tante Jenny. Je ne peux pas rester à vivre à tes crochets. "

" Et ton emploi à Boston ? "

" Et bien...pour être franche, j'ai été virée une semaine avant Noël, Maman n'en savait rien. Je n'ai rien qui me retienne là bas, et en réalité, j'aimerais tenté de construire quelque chose ici, auprès de ma famille. "

" D'ailleurs, Mallory, tu pourras peut-être parler à quelques uns de tes amis ! "

" Maman, mes amis ne sont pas mes subalternes. Si quelqu'un doit user de ses relations, ce sera toi ou Papa, mais ne me mettez pas dan ce genre de situation. La seule chose que je pourrai lui trouver sans avoir à faire jouer mes relations, ce serait un boulot de serveuse. Mais je doute que tu sois d'accord, Maman, toi qui déteste tant Cassie, pour que Nia servent des cocktails dans une boite de nuit ! "

" S'il n'y avait que les cocktails ! " s'écria Jenny.

" Oh, ça y est, on va repartir là dessus ! Tu n'aimes pas Cassandra, et c'est la seule raison qui te pousse tant à la dénigrer et la critiquer. Tu n'as jamais eu un mot gentil ou une critique positive à son égard ! "

" Faux ! Quand j'ai dit qu'elle me semblait mieux à sa place dans une boite de nuit, avec des vêtements affriolants et découvrant la moitié de son anatomie, plutôt que dans un cabinet d'expertise comptable, je le pensais sincèrement ! "

Mallory se leva de table.

" Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? Dis moi ! Vas-y, tu sais je suis prête à tout entendre ce soir ! "

" Mal ! " la raisonna Leo.

" Mallory, tu as trop bu ! "

" Et toi pas assez ! Mais là n'est pas la question. Je refuse de m'engager d'avantage sur ce terrain, tu sais que je prendrai toujours la défense de Cassie ! "

Virginia tenta de calmer le jeu.

" Je ne voulais pas que cela donne lieu à une discorde. Mal, je ne te demande pas de m'aider à trouver un travail. Je le ferai seule. Mais il se peut que je fasse une demande auprès de Cassie. Tante Jenny, je ne pense pas que ce soit si déshonorant de travailler dans ce genre de club. C'est une manière comme une autre de gagner de l'argent. "

" Nia, tant que ce job ne t'oblige pas à te déshabiller sur le comptoir... "

" Jenny ! " souffla Leo en même temps que Mallory quittait la pièce. " Mal, où vas tu ? "

" J'en ai assez entendu pour ce soir ! " s'écria-t-elle depuis l'entrée.

Leo se leva précipitamment.

" Mal, ta mère ne voulait pas... "

" Si, elle déteste Cassie, et le fait qu'elle soit en deuil ne l'oblige pas à traiter de traînée ma meilleure amie, d'accord Papa ? Je suis désolée, je suis fatiguée, je voudrais rentrer. "

" Va lui dire bonsoir, au moins ! "

" Certainement pas ! "

Il l'aida à enfiler son manteau, elle lui déposa un baiser sur la joue et sortit en claquant la porte. Leo retourna dans la salle à manger, l'air dépité, et un air de reproche au fond des yeux.

 

Yrsan vivait dans un petit appartement, situé relativement près de l'école. Il était meublé, et le loyer n'était pas exorbitant. Bien sûr il n'avait rien du charme de l'appartement de Mallory ou celui de Cassie. Mais il était bien suffisant pour vivre. Manger, dormir, et prendre une douche. Le reste de son temps, il était à l'école, ou à la bibliothèque, ou au cinéma. C'était un grand cinéphile. Une véritable encyclopédie du cinéma. Incollable.
Il ne s'attendait pas à une visite aussi tard dans la soirée. En fait, il n'était que huit heures trente, mais cela suffisait à lui insuffler quelques interrogations. Ils avaient convenu avec Cassandra qu'ils ne se verraient pas ce soir, elle travaillait, mais il imaginait que peut-être...elle souhaitait lui faire une surprise... Loïs était sur le pas de sa porte. Il fut surpris, mais néanmoins ravi. Il la fit entrer, elle s'excusa de passer si tard. Ils s'étaient vus, trois jours plus tôt, ils s'étaient offert l'un et l'autre leur cadeaux respectifs. Yrsan remarque aussitôt qu'elle portait un masque. Une façade gaie qui cachait un énorme chagrin. Elle était parvenue à bien le cacher, mais on ne lui faisait pas, pas à lui. Il lui fit visiter son humble appartement, qu'elle ne connaissait pas. Et il lui proposa rapidement un café. Elle accepta volontiers. Ils s'assirent dans la cuisine, à la petite table, étroite, tout juste pouvait elle permettre aux deux amis de se mettre à leur aise.

" Alors ? Tu n'es pas venue jusqu'ici pour me faire remarquer que mon café est si mauvais qu'une cafetière ne serait pas du luxe ? "

" Non ! " sourit elle. Mais son sourire s'effaça rapidement. " Je ne savais pas à qui en parler... "

" Loïs, qu'est-ce qu'il y a ? Si tu es venue c'est que tu savais que tu faisais le bon choix, tu peux absolument tout me dire ! "

Elle prit une profonde inspiration avant de démarrer son récit qu'elle avait déjà préparer mille fois dans sa tête, pour le jour où on lui poserait des questions, et où le secret serait tellement lourd qu'elle ne pourrait pas refuser de répondre. Elle lui raconta son escapade de Noël et lui en expliqua les raisons.

" Il y a onze ans, je vivais encore chez mes parents. Des gens très bourgeois, qui ont contrôlé ma vie de ma naissance à ma vie de couple. Je commençais tout juste à travailler, en fait, j'était auxiliaire dans une classe et je terminais mes études en même temps. J'ai rencontré un homme. Sans entrer dans les détails, je voyais en lui le moyen d'échapper enfin à mes parents. J'ai appris que j'étais enceinte. Nous étions très heureux. Ce bébé, c'était notre nouvelle vie, à tous les deux. Nous l'avons annoncé à mes parents, qui n'avaient jamais vu d'un bon œil ma relation avec cet homme. Mais, outre cela, ils nous ont fait comprendre qu'on ne pouvait pas avoir cet enfant si on n'était pas marié. Mes parents étaient très...puritains. Mais on ne voulait pas se marier. En fait, on le voulait, mais pas pour les mêmes raisons que mes parents, alors on leur a tenu tête. Mais le mariage n'était pas nécessaire, Denis est mort dans un accident d'avion, j'en étais à mon troisième mois. Je t'ai dit que mes parents étaient des gens influents ? Ils m'ont couvé, et protéger au long de ma grossesse, du moins, c'était ce que je pensais. Une semaine avant que j'accouche, ils m'ont avoué qu'ils avaient pris les mesures nécessaires pour mon enfant, que je ne devais m'inquiéter de rien. Il s avaient trouvé une famille qui voulait de lui. J'étais folle de rage, j'ai commencé à rassembler mes affaires, je voulais partir le plus loin possible, mais ils ont réussi à me faire rester, ils ont fait venir un médecin qui m'a dit que ce serait dangereux pour la vie de mon enfant...enfin, j'étais jeune et si crédule, je portais toute ma confiance en mes parents...jusque là. Quand mon petit garçon est venu au monde, j'ai enfin cru en un avenir meilleur, et j'entreprenais de partir aussi vite que possible loin d'eux. Une assistante sociale m'a enlevé mon enfant, elle me l'a pris, l'a arraché de mes bras, sous les yeux de mes parents qui ne montraient ni pitié, ni regrets, ni aucun autre sentiment. J'avais des droits, je devais signer une feuille pour donner mon accord. Ils se sont arrangés pour que je la signe, et pour s'assurer que je ne tenterai rien, ils m'ont fait administré un produit...ils m'ont droguée, et j'ai perdu connaissance. J'ai perdu toutes mes forces. Et quand j'ai pu sortir de l'hôpital, presque un mois après avoir accouché, mes parents ont insisté pour que je reste chez eux. Pour me soigner. Ils m'ont fait passer pour folle. Ils m'ont fait croire que je n'avais pas eu d'enfant, que mon bébé était décédé, qu'il n'avait pas survécu, que je l'avais tué en tentant de m'enfuir...Et le pire dans tout cela, c'est que j'y ai cru. Pendant longtemps j'y ai cru. J'ai fait une dépression, que les médecins de mes parents parvenaient à prolonger...Quand j'en ai eu la force et le courage, je suis partie, et je ne les ai plus jamais revu. Je voulais faire des recherches, retrouver mon enfant, et annuler les papiers que j'avais signer. Mais on m'a vite fait comprendre que je perdais mon temps. Mes parent avaient pensé à tout, ils avaient fait en sorte que je ne retrouve jamais la trace de mon petit garçon. "

Jusqu'à cette année. Où un homme l'avait appeler. Il lui avait dit qu'elle ne le connaissait pas, mais qu'il avait une dette envers elle. Elle ne comprit pas, mais elle lui fut infiniment reconnaissante de lui donner des détails sur une famille qui avait adopté un enfant 10 ans plus tôt, qui habitait Baltimore. Elle s'y était rendue et y avait vu pour la première fois depuis dix ans, son fils, son petit garçon qu'elle n'avait serré qu'une seule fois dans ses bras, qu'elle avait à peine eut le temps de baptisé d'un prénom. Un prénom que sa faille adoptive n'avait même pas gardé. Comme s'ils avaient acheté un chien et que le nom ne plaisait pas, ils l'avaient changé. Yrsan lisait la tristesse et l'émerveillement dans les yeux de Loïs. Il était touché qu'elle lui raconte son histoire, qu'elle cachait si bien aux yeux de tous. Il doutait même que qui que ce soit fut au courant, pas même Mallory. Elle lui accordait une confiance sans borne dont il voulait se montrer digne.

" Tu as pu passer un peu de temps avec lui ? "

Elle hocha la tête avec un grand sourire.

" On lui a dit que j'étais là, lorsqu'il a été mis au monde. On a parlé de cinéma, de sport, de son école, de ses copains, je voulais tout savoir de lui, mais on ne m'a pas laissé le voir longtemps. Et on m'a interdit de l'approcher de nouveau. Maintenant que je l'ai revu, Yrsan, je voudrais ne jamais avoir été séparée de lui. "

Yrsan consentit à lui confier lui aussi une partie de sa vie, qui peut-être aiderait Loïs à y voir plus claire dans la sienne.

" Je ne connais pas mes vrais parents. Mes parent sont en fait mes parents adoptifs. C'est comme ça, depuis ma naissance, j'ignore qui m'a mis au monde, et pourquoi ils ne m'ont pas élevé. Je me pose toute sorte de questions. Peut-être sont-ils morts, peut-être ne voulaient-ils pas d'un enfants ? Ou bien une autre raison... "

Loïs savait qu'il allait ajouter quelque chose.

" Mais tu vois, mes parents...ce sont ceux qui m'ont élevé. Je les aime, et je leur suis reconnaissant. Je ne cherche pas à savoir à toux prix qui sont mes parents biologiques. "

" Mes tes parents eux aimeraient savoir où tu es et ce que tu fais ! "

" Demande toi si tu aimerais que ton fils soit partagé entre l'amour qu'il porte à ses parents adoptifs, les parents qu'il a toujours eu, qui l'ont chéri et protéger, et toi, une femme étrangère, qui cherche à s'insinuer dans sa vie. Il est très jeune, il ne saurait pas faire face à ça. Dans une dizaine d'années, il sera majeur. Alors tu pourras entreprendre de le rencontrer. Mais est-ce que tu veux vraiment aller perturber l'équilibre familial d'un enfant de dix ans ? "

La réponse à sa question était évidente. Mais la seule réponse qu'elle donna fut un non, bref et évasif. Elle se leva et le remercia de l'avoir écouté. Elle se sentait mieux à présent. Il la remercia de la confiance qu'elle lui avait porté. Ils échangèrent une ambassade amicale et elle se rua hors de chez lui, dévalant les escaliers.

 

La journée avait été harassante. Plus qu'une autre. Pourtant, il n'avait rien fait de plus que les autres jours. Il avait fait ce qu'il faisait chaque jour, sans en rajouter, et sans plus d'ardeur non plus. Quoi qu'il en soit, il lui hâtait de rentrer chez lui, de quitter ses vêtements de " travail " et de s'affaler sur son canapé. Ne rien faire et en être satisfait. C'était ce dont il avait envie. Il gara sa voiture sur le parking devant son immeuble. C'était un bel immeuble de Washington, dans un quartiez calme, et fréquenté par des familles aisées. L'immeuble avait cependant un gros défaut. L'ascenseur était souvent en panne, pour ne pas dire constamment, en panne. La plupart du temps, ce n'était pas un problème. Il habitait au second étage, cela constituait à peine trente marches, et c'était un sportif qui ne craignait guère de monter à pied ces quelques dalles de marbres. Mais certains soirs, la fatigue était telle que ne pas utiliser l'ascenseur était un calvaire. Le trajet de sa voiture au hall de l'immeuble fut long, et il eut le temps de se préparer à voir l'ascenseur bloqué. Mais surtout, il eut le temps de prié pour que ce ne soit pas le cas, et pour qu'il n'ait pas à " se taper " les deux étages. Il lui restait une dizaine de pas, il priait toujours aussi ardemment. Il poussa la grand porte du hall après avoir composer son code. Il fit encore deux pas, vers l'ascenseur qui était derrière la loge du concierge. Il eut une vision d'horreur. Une note était placardée sur la machine. Chers locataires, prière de ne pas utiliser l'ascenseur...bla, bla, bla...Le Propriétaire. Le jeune homme prit alors son courage à deux mains, ou plutôt, ses jambes et ses pieds durent prendre du courage, et prendre leur autonomie car son cerveau se refusait à tout exercice. Avec une extrême lenteur, et une grande nonchalance, il monta, une à une, les marches du grand escalier en colimaçon. Il faisait des efforts incommensurables. Et il savait, par instinct, et non par réflexion, qu'il lui restait peu à parcourir.
Sous ses yeux, il vit une forme se dessiner. Il n'avait même pas pris la peine d'appuyer sur l'interrupteur. Il plissa les yeux pour voir de quoi il s'agissait. Il oublia rapidement la fatigue et le stress, lorsqu'il reconnut la femme qui s'était endormie sur ses escaliers. Il s'imagina aussitôt que Mallory était passée le voir, et avait voulu l'attendre, mais morte de fatigue, elle s'était écroulée dans la cage d'escalier. Comme elle devait avoir mal aux cervicales se dit-il en voyant la position qu'elle avait adopté. Il essaya de ne pas la réveiller, ou du moins de le faire en douceur. Il entreprit de la porter jusqu'à son appartement, et la déposa sur le canapé du salon. Dès lors, elle remua et ouvrit les yeux, se demandant où elle se trouvait.

" Quelle heure est-il ? "

" Onze heures et demies. "

" Il faut que je rentre ! " lui dit-elle.

" Dis moi, il y avait une raison à ta visite, ou tu voulais juste savoir si ma cage d'escaliers était confortable ? "

Elle se frotta les tempes.

" J'avoue que je ne me rappelle plus très bien ce que je suis venue faire... " soupira-t-elle. " Excuse moi de t'avoir dérangée ! " dit-elle en se relevant.

" Oh ! Attends une seconde ! " lui dit-il en la forçant à s'asseoir de nouveau. " Tu es morte de fatigue, tant physiquement que mentalement. Tu ne prends pas le volant. Et pour tout te dire, je ne peux pas te raccompagner, je suis moi même mort de fatigue. "

La fatigue ne l'empêchait pourtant pas d'être lucide, et de tenter un peu d'humour.

" Je regrette mais il faudra mieux pour que j'accepte de coucher avec toi ! " s'exclama-t-elle.

" Oh mince... " souffla-t-il. " Tant pis...tu verras, le canapé est confortable ! " Il lui balança un oreiller et une couverture.

" T'es un véritable macho ! "

Il disparut et elle crut qu'il était aller se coucher. Mais il était simplement aller se changer. Il avait mis un bas de jogging et un t-shirt de Princeton.

" Je te laisse mon lit si tu me dis ce qui ne va pas ! "

Elle sourit.

" Ma chère cousine ne semble pas perdre tant le nord que ça, elle reste à Washington pour quelques temps. Le lit est à moi. "

" Elle a sans doute peur de se retrouver seule à Boston. Tu ne devrais pas trop lui en vouloir, elle vient de perdre sa mère. Il faut juste qu'elle reprenne un peu confiance en elle, et qu'elle reprenne goût à la vie. Ne la blâme pas pour l'instant. "

" Quand je te parle d'elle, j'ai l'impression d'avoir affaire à un psy. "

Sam éclata de rire.

" Alors je vais arrêter, car je crois savoir que les psychiatres n'ont pas le droit d'entretenir des relations privées avec leurs patientes ! "

" Ce n'est pas en me faisant ton numéro de charme que je vais accepter de coucher avec toi ! " répéta-t-elle.

" Tu as passé la soirée chez ta mère ? "

" Ca se voit tant que ça ? "

" Oui. " admit-il.

" Comment je peux arriver à oublier tout ce drame à un moment, et l'instant d'après, voir ma mère et avoir envie de m'enfuir sur une île déserte ? " Elle marqua une pause. " La grande Jenny McGarry est de retour, elle tente à présent de montrer que rien ne l'atteint. Elle a retrouvé ses tailleurs, son Brushing, son allure droite et fière...Elle arrive à me dégoûter. Ma propre mère. "

" Tu ferais mieux d'aller te coucher, tu es épuisée. "

Elle secoua la tête.

" Non, toi tu es épuisé. Et tu es chez toi. Je vais dormir ici. "

" Arrête, on dort mal sur ce canapé. Prends mon lit ! "

" Je t'assure que le canapé m'ira. Je suis déjà contente de rester ici cette nuit. Je ne voulais pas me retrouver tout seule chez moi. Par contre...est-ce que tu aurais quelque chose à me prêter, pour que je dormes ? Un t-shirt, par exemple. "

" Je vais te trouver ça ! "

Il se rendit dans sa chambre et sortit un t-shirt de son armoire. Il se rendit de nouveau dans le salon et vit la jeune femme qui s'était endormie. Il glissa l'oreiller sous sa tête, remonta la couverture jusqu'à ses épaules et posa le t-shirt sur le bord de la table du salon. Au cas où elle se réveillerait. Il la regarda dormir quelques secondes, et prit de fatigue, il éteignit la lumière après un dernier regard et alla s'échouer lui aussi sur son lit.

 

 

Ecrit par spleen, le Samedi 16 Août 2003, 18:28 dans la rubrique "lecture".