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Utopie
suite
Cassandra Adams avait de nombreuses cordes à son arc, et savait s’adapter à toutes sortes de situations. Elle ne savait absolument pas ce que signifiait s’occuper d’une boite de nuit avant d’ouvrir la sienne, elle ignorait ce qu’impliquait la responsabilité de gérant et de propriétaire. Elle avait quelque notions de comptabilités, bien sûr, puisque c’était sa profession à la base. Mais il lui restait beaucoup de choses à apprendre. Cela ne l’avait donc pas empêcher de réussir son entreprise audacieuse. Les affaires marchaient bien, en tous cas, elles démarraient bien, et le " Diamond Dogs " semblait être du goût de chacun. Elle avait fait appel à un autre gérant, un vieil ami, pour qu’il lui apprenne quelques trucs, les ficelles du métier, ou du moins, ce qu’il y avait à savoir sur comment gérer sa propre boite. La mission de la journée était de faire l’inventaire. Elle supervisait les opérations, mais se faisait aidée de son barman, Martin Wales. Le jeune homme revenait de la remise, portant un grand carton qu’il déposa lourdement sur le comptoir. Il l‘ouvrit d’un coup de cutter. Cassie ne leva pas les yeux, mais resta concentrer sur son bordereau de commande.

" Qui a commandé de nouveaux verres ? " demanda-t-elle, étonnée par sa découverte.

" On a eu un problème jeudi dernier, pas grand chose...un peu de casse. C’est moi qui ai pris l’initiative de les remplacer. "

Elle redevint silencieuse.

" C’est quoi ce carton ? "

Il sortit quelques bouteilles.

" C’est du vin. On en a six de chaque. Je les laisse là ? "

Elle hocha la tête et griffonna sur sa feuille. Elle glissa son crayon derrière son oreille et jeta un coup d’œil aux bouteilles.

" C’est pas vrai ! " s’écria-t-elle.

" Un problème, patron ? "

" Ce n’est pas ce que j’avais commandé... " dit elle en tentant de garder son calme. Lorsque le téléphone retentit, elle n’eut pas le courage de répondre, et laissa son barman le faire.

" Diamond Dogs ? " Il décolla le combiné et le couvrit d’une main. " C’est pour vous ! " dit-il à l’attention de Cassie. Elle le regarda pleine d’espoir. " Mallory O’Brien. " lui dit-il en lui tendant l’appareil.

" Oh !" s’exclama-t-elle, déçue. " Comment vas tu ma chérie ? "

Martin, jeune homme de 24 ans, avait tout pour lui. En plus d’être beau, il était très apprécié de tous. Sa gentillesse et son humour ne laissait personne indifférent. Il était aussi mature qu’il pouvait être naïf. C’était encore un enfant, selon Cassie. Enfance difficile, il n’avait pas eu la chance, lui non plus, de poursuivre des études. Il avait du travailler très tôt pour soutenir sa famille. Son père était décédé d’un cancer, et avait laissé femme et enfants dans une situation financière catastrophique. Il n’aimait pas parler de lui, de son enfance, et des sacrifices, parce qu’il n’aimait pas être plaint. Il était allé de petits boulots en petits boulots, comme n’importe quel jeune sans expérience professionnelle. Et puis, il avait croisé la route de Cassandra Adams. Le soir de l’ouverture, Martin était venu noyer sa détresse dans un verre d’alcool. Il venait de se faire virer de son emploi de coursier, et sa petite amie l’avait quitté pour un étudiant en droit, fils à papa. Il s’était installé au comptoir, et il n’avait pas prêté attention au décor, juste au contenu de son verre, liqueur qu’il se fit resservir de nombreuses fois, mais qui ne suffisait pas à lui faire perdre assez l’esprit. Il observait, de son tabouret, le pauvre barman, qui de toute évidence n’avait pas d’expérience, et réussirait tôt ou tard, et plus tôt que tard, à faire déposer le bilan au proprio s’il continuait à casser les verres, ou encore laisser les bouchons de liège dans les bouteilles de vin. Cassandra était apparue devant lui, avec ses longs cheveux bruns et son regard d’acier. Elle lui avait proposé un autre verre. Et il avait fait une remarque désobligeante sur ses employés. A la fin de la soirée, ou dirons nous de la nuit, il l’avait convaincu de l’embaucher. Elle admettait volontiers qu’elle n’aurait pu s’en sortir sans lui, et surtout qu’elle ne pourrait plus se passer de lui. Il était un peu devenu son bras droit.

Elle raccrocha et reprit son crayon.

" Allez, reprenons. Il reste des caisses dans la remise ? "

" Trois, vous voulez que j’aille les chercher ? "

" Non, je vais y aller moi même. Dis moi, tu es toujours d’accord pour rester le 24 ? "

Cassandra avait pris la décision de rester ouvert le soir du réveillon de Noël, pensant que même si la soirée serait plus calme qu’à l’accoutumée, il y aurait sûrement des entrées. Mais elle voulait que quelqu’un de confiance garde le contrôle du navire en son absence. Martin s’était volontairement proposé. Il ne tenait pas à passer Noël chez lui, ni avec sa famille. Il n’y avait jamais eu de grandes fêtes, ni de grandes effusions de sentiments avec les siens. Sa mère, ses deux sœurs, et son petit frère. Il voulait éviter d’être une nouvelle bouche à nourrir ce soir là. Cela ne le dérangeait donc absolument pas de s’occuper de la boite, d’autant que cela devenait pour lui une passion, une vocation même.

" Vous en faites pas, patronne, je vais vous la chouchouter votre boite. "

" Je voudrais rester, mais je ne peux pas manquer le dîner où je suis invitée. J’y participe tous les ans depuis que je suis enfant, et c’est important pour moi d’y être. "

" Y a aucun problème. Je vous tiendrai au courant si ce n’était pas le cas. "

" Très bien, je te remercie. Je vais à la remise ! "

 

Loïs sortit d’une station essence. Elle fut saisie par le froid et redressa le col de son manteau. Elle souffla sur ses doigts et remonta rapidement en voiture. Il lui restait vingt kilomètres d’après le pompiste. Elle se regarda dans le rétroviseur et fut marquée par les cernes qui soulignaient son regard. Elle alluma la radio qui diffusait les informations. Il était midi, elle serait à Baltimore d’ici une demie heure, la route devait être dégagée. Elle irait sans doute manger quelque chose, et puis elle ferait ce qu’elle avait à faire. A savoir rien. Elle ne pouvait rien faire sinon regarder. Elle manœuvra et quitta le parking de la station. Elle articulait nerveusement ses doigts sur le volant, sans s’en rendre compte. Elle avait été différente ces jours derniers. La décision de partir avait été soudaine. Elle savait pourtant qu’elle prendrait une telle décision, mais elle ne s’attendait pas à ce que cela la travaille tant que ça. Aussitôt les vacances de Noël entamées, elle avait pris des renseignements et des dispositions pour pouvoir partir. La route jusqu’à Baltimore n’avait rien de réjouissante sous la neige, les essuie-glaces fonctionnaient à toute vitesse, déblayant le par brise des petites particules de glaces qui s’amoncelaient. Comme elle l’avait prévue, elle arriva aux alentours de midi et demi en ville. Du moins en périphérie. Elle mit un quart d’heure pour entrer en centre ville et trouver l’office de tourisme. Quelle ironie ! Elle n’était pas là pour jouer les touristes, mais c’était tout de même là qu’elle se rendait. Elle voulait récupérer un plan de la ville. Elle tenta de prendre quelques repères. Il y avait un hôpital, dont la direction était indiquée sur un grand panneau, la mairie de la ville était à côté de l’office, de l’autre côté il y a avait une rue piétonne et de nombreux magasins. Mais elle n’était pas vraiment intéressée. Elle rentra rapidement dans le bâtiment, demanda un plan de la ville, et ressortit aussitôt. Une fois dans sa voiture, elle sortit un papier de son sac et lut l’adresse indiquée. Elle tenta ensuite de repérer la rue sur le plan. Elle examina avec attention le chemin qu’elle devait emprunter pour quitter le centre, et regagner la proche banlieue de la ville. Son estomac se nouait sans cesse, et elle vit avec surprise qu’il était déjà treize heures. Il fallait qu’elle s’arrête pour manger quelque chose. Elle était partie tôt le matin et n’avait rien avalé à part un café noir. Elle ne voulait pas perdre de temps, mais elle se disait qu’elle ne tiendrait pas la journée si elle ne faisait pas l’effort d’avaler quelque chose. Elle aperçut un Restoroute et s’y engouffra rapidement. L’ambiance y était peu accueillante, mais elle se rassura en pensant que cela lui éviterait d’y passer trop de temps. Elle s’installa au comptoir où une serveuse vint prendre sa commande. Elle regarda autour d’elle, sans pour autant faire attention à ce qu’elle voyait, car une seule chose l’obsédait vraiment.

 

" On peut se retrouver dans une heure en ville si tu veux ! " déclara Mallory à son interlocuteur au téléphone. " Très bien, à tout à l’heure ! "

Elle raccrocha et rangea son téléphone dans son sac tout en offrant un sourire à la secrétaire de son père.

" Bonjour Margaret ! "

" Il est avec son staff mais il a bientôt terminé. "

Mallory n’était pas particulièrement pressée, aucune contrainte de temps ne la retenait. Aussi patienta-t-elle dans le bureau de Margaret pendant que celle ci prenait une pause de quelques minutes. Mallory vit des amoncellement de paquets cadeaux sur le bureau. La secrétaire n’attendit pas qu’elle lui pose la question pour lui répondre.

" On répand nos vœux de Noël ! " dit-elle en haussant les épaules.

La porte s’ouvrit et Leo fut surpris de voir sa fille.

" Qu’est-ce que tu fais ici ? "

" Moi aussi je suis heureuse de te voir papa ! "

Il s’excusa et la prit dans ses bras. Il lui proposa de l’attendre un instant dans son bureau, il avait quelqu’un à voir. Elle s’exécuta sans discuter. Mais il ne se fit pas attendre longtemps. Elle s’assit sur le sofa, et admira le professionnalisme de son père, qui était retourné derrière son bureau.

" Ca t’ennuierait de quitter ta paperasse pendant les dix minutes exclusives que nous passons ensemble ? "

" Je suis désolé, mon Trésor, mais j’aimerai que tout ceci soit fait avant la veillée de Noël, et ce n’est pas encore une partie gagnée. "

Elle abandonna, c’était peine perdue. Elle le regarda s’atteler fièrement à son travail. Elle soupira.

" Très bien, tu as gagné ! Je quitte ma paperasse. " Il se leva et s’assit près d’elle sur le sofa. " Que me vaut la visite de ma fille chérie ? "

" Prendre de tes nouvelles ! J’ai l’impression de bien mieux connaître Margaret que mon propre père. "

" On ne vas pas recommencer cette discussion ? "

" D’accord, d’accord, d’accord ! " s’écria-t-elle. " D’accord ! Je suis impatiente d’être à Noël. On va enfin pouvoir passer une soirée ensemble ! "

" Chérie, est-ce que tu as parlé à ta mère, récemment ? "

" Je l’ai eu au téléphone mais on doit dîner toutes les deux ce soir ! "

" Elle ne t’a rien dit, donc ? "

" A quel propos ? " s’inquiéta-t-elle.

" Ta tante Annie et Virginia seront avec nous. "

Elle fut à la fois surprise et ennuyée. D’ailleurs, son visage ne trahissait pas ses sentiments.

" Maman les a invitées ? "

" Je sais que ça ne te réjouit pas, mais ta mère est heureuse de voir sa sœur, alors, fais comme si tu t’entendais à merveille avec ta cousine ! "

" Je ferait de mon mieux ! Je te laisse retourner à ton travail ! " dit-elle sans enthousiasme.

" Au revoir trésor ! "

Leo déposa un baiser sur son front et la regarda quitter son bureau avec regret. Une porte se ferma, et une autre s’ouvrit immédiatement, celle qui donnait sur le couloir laissa place à Sam qui avait frapper brièvement quelques coups avant de passer sa tête.

" Tu as une minute ? "

" Oui ! " dit-il d’un ton bourru alors qu’il se levait de son sofa pour regagner son bureau.

Sam eut une sensation étrange, et bien que sûr de la réponse, il demanda à Leo :

" Ce n’est pas Mallory qui vient de quitter ton bureau ? "

" Si, comment le sais tu ? "

Il ne pouvait pas réellement répondre à son patron qu’il avait reconnu le parfum de sa fille. En effet, dans toute la pièce flottait le parfum d’une femme, et pas n’importe quelle femme. Il aurait pu reconnaître cette odeur parmi mille, car elle était familière, et elle collait à la personnalité de Mal. Elle était enivrante et tendre à la fois, relevée d’une pointe de fureur qui la rendait parfaite. Mal, pas son eau de parfum... Il ne répondit pas à Leo, mais trouva rapidement une échappatoire à leur conversation.

 

Loïs avait mangé rapidement un plat du jour, qui ne ressemblait pas tellement à ce que la serveuse lui avait annoncé, et un café infecte, mais elle n’y avait pas tellement prêté attention, car ce qu’elle voulait avant tout, s’était trouvé l’adresse qu’elle avait écrite en toute hâte sur un morceau de papier blanc, à l’encre noire. Elle trouva difficilement le quartier, qui se trouvait au cœur d’un labyrinthe immense de résidences aussi ressemblantes que diverses. Mais une fois qu’elle fut à l’endroit souhaité, elle repéra sas mal le 1023. Elle se gara sur le trottoir d’en face et attendit. Elle ne savait pas vraiment quoi faire d’autre, ni si son attente paierait, mais c’était ce qu’elle avait de mieux à faire. Elle scruta la maison dans les moindres détails. Elle était très grande, il y avait deux étages, et un vaste grenier qui pouvait être habitable. Le jardin devant était très vaste, et clôturé d’une jolie barrière de bois. Elle imaginait que de l’autre côté de la propriété, il devait y avoir là aussi beaucoup d’espace. Peut-être y avait-il une balançoire lorsque les beaux jours revenaient. Le perron était précédé de quatre marches, et la porte d’entrée était imposante et rassurante. Il y avait une couronne de Noël. Si elle ne put y lire l’inscription, elle devinait un : " Joyeux Noël " ou quelque chose du même genre. Les murs étaient blancs, et le toit, bien que blanc de neige, était fait de tuiles en ardoises, bleues. Mais les flocons ne cessaient de tomber, si bien qu’on distinguait difficilement plus de détails. Il y avait des rideaux aux fenêtres. Mais Loïs discerna au rez-de-chaussée une lumière dans ce qui devait être le salon, et qui devait abriter un arbre de Noël, ou qui l’abriterait bientôt. Elle fut surprise et à la fois affolée de voir la porte de l’entrée s’ouvrir. Son cœur se mit à battre plus vite. Et sa respiration était coupée. Elle vit un homme sortir, suivi de près par un petit garçon. Il semblait être assez grand, dans les dix ans. Il portait un gros manteau bleu marine, et un bonnet, des gants et une écharpe de toutes les couleurs pour se protéger du froid. Elle se demanda s’ils avaient l’intention de sortir, et où ils pouvaient bien se rendre par un froid pareil. Mais elle les vit au contraire rester dans le jardin, et ils s’attelèrent rapidement à amasser de la neige, tombée dans le jardin, fraîche et blanche. Il lui fallut du temps pour comprendre qu’ils faisaient un bonhomme de neige. Une femme, tout aussi emmitouflée sortit de la maison et vint aider les deux artistes. Elle avait emporté des instruments, comme une carotte pour lui faire son nez, mais aussi une pipe et une écharpe. Le bonhomme était gigantesque, et l’enfant s’amusait avec l’homme qui devait être son père. Loïs regardait incrédule la scène, et elle avait porté une main à sa bouche comme pour étouffer un cri ou un sanglot. Elle vit le petit garçon apporter une touche finale au bonhomme en lui ajustant des branches d’arbres, dépourvus depuis longtemps de feuilles, pour recréer des bras. Devant ce spectacle, elle éclata de rire, un rire qui se mêla aux larmes et aux sanglots qu’elle avait laissé monter en elle.

 

" Rappelle moi ce qu’on cherche ! "

" Euh...quand je le saurai, je te le dirai, c’est juré ! "

Yrsan avait enfoui ses mains au fond de ses poches, et à l’instar de son ami, regardait les rayonnages. Mallory était à la recherche d’un cadeau de dernière minute. Non pas qu’elle avait oublié, mais elle repoussait à chaque fois l’échéance. Il ne lui restait plus que deux jours pour trouver son présent et ses recherches étaient peu fructueuses.

" Mais tu sais, si tu me disais, ne serait-ce que vaguement... "

" Très bien ! " souffla-t-elle. " Je cherche quelque chose pour Sam. "

" Oh !" dit-il comme s’il n s’attendait pas du tout à cela.

" Quoi ? " demanda-t-elle sur un ton suspicieux.

" Rien du tout. " répliqua-t-il. " Rien du tout. "

" Tu te répètes, qu’est-ce que tu veux dire par ‘rien du tout’ ? "

" Mais...rien du tout. Enfin, je suis très heureux pour vous deux. "

Mallory tendit le bras avec excitation vers un étalagé de casquettes.

" Ce serait parfait, non ? "

Yrsan sentit aussitôt qu’elle ne tenait pas à parler de cela. Il ne connaissait pas suffisamment et depuis longtemps Mallory pour se permettre de lui parler de sa vie privée, et de ses sentiments pour Sam. Ils changèrent de magasin, et entrèrent dans une boutique de livres rares et anciens. Sam était sans doute comme Mal, une personne éprise de culture et d’art, un passionné de littérature, d’histoire et de poésie. Il ignorait à quel point il se trompait.

" Alors, quels sont les projets du mystérieux slave ? " demanda Mallory.

" Oh, tu veux dire à part rester chez moi avec un plateau télé ? Rien. "

Elle eut un regard plein de sympathie. Elle ouvrit un livre sans pour autant quitter Yrsan des yeux. Mais il lui renvoya un regard, tout en haussant les épaules, qui signifiait que ce n’était pas bien grave.

" Tu ne voulais pas retourner en Europe ? "

" Si, c’était dans mes plans, mais le prix du billet était...enfin tu vois. "

" Et s’en est scandaleux. "

" Alors, je vais passer la soirée chez moi, avec un repas qui viendra de chez le traiteur, et un réveillon devant la télé, ça ne doit pas être si horrible ! Et puis ce ne sera pas le premier où je serai seul. "

Mallory eut un pincement au cœur en entendant cela car elle aurait voulu lui proposer de venir chez elle, enfin...chez ses parents, avec elle et Cassie. Mais sa mère n’apprécierait pas, et elle trouvait cela terriblement injuste vis-à-vis de Loïs. Il dut lire dans ses pensées.

" Mais ne t’en fais pas pour moi, je ne suis pas anéanti ! "

" Je vois ça ! " dit-elle, en remarquant le sourire qui irradiait son visage. " Je ne trouve rien. "

" Je peux vous aider ? " demanda une voix jeune. Ils se tournèrent vers elle, et observèrent une jeune femme de 25 ans tout au plus, qui travaillait dans cette boutique. Mallory lui répondit que non, elle jetait juste un coup d’œil. Mais elle s’aperçut alors que ce n’était pas à elle que s’adressait la jeune fille, mais à Yrsan. Elle ne quittait pas des yeux le beau ténébreux, elle le dévorait sans pudeur, avec un sourire qui découvrait une rangée de dents parfaites.

" Ca ira, merci." répondit poliment Yrsan en voyant que la jeune femme ne bougeait pas.

" Si vous avez besoin de quoi que soit... " dit-elle d’un ton subjectif.

Mallory attendit qu’elle disparaisse pour pouffer de rire, au plus grand étonnement d’Yrsan.

" Quoi ? "

" Comment ? Tu n’as pas remarqué ce petit jeu de séduction ? "

" Non, elle voulait juste être serviable. "

Mallory éclata d’un rire franc.

" Tu es naïf ou juste stupide ? "

Ils sortirent de la boutique. Lui salua la jeune fille d’un mouvement de la tête, mais elle ne put s’empêcher de rire d’avantage, l’empêchant ainsi totalement de parler.

" Je t’assure qu’elle ne me regardait pas bizarrement, elle voulait se montrer amicale. "

" Ou hostile avec moi, qu’elle a prise pour ta petite amie ! "

" Mais enfin, où vas tu chercher de telles sottises ? " continua-t-il au cours de leur promenade.

 

Le lendemain matin, l’aube perçait à peine, que Loïs se réveilla dans un motel. Elle n’avait pas chercher au plus confortable, mais elle n’était pas trop déçue de sa chambre. Elle n’avait rien d’attractif, mais elle avait le mérite d’être propre et dépourvue de cafards dans la salle de bain. Elle regarda par la fenêtre, et tenta de se rendormir, mais c’était peine perdue. Elle n’avait pas tiré les rideaux en se couchant, au soir. La lumière du jour l’avait tirée de son sommeil mouvementé. Le ciel était blanc, les nuages étaient gonflés de neige. Mais il n’y avait pas un flocon dehors. Elle sortit de sous sa couverture et se dirigea vers la salle d’eau où elle prit une longue douche brûlante. Elle roula ensuite une serviette autour d’elle et attacha ses cheveux en un chignon ébouriffé. De retour dans la petit chambre, elle vit que la neige commençait à tomber. Les voitures et les trottoirs à l’extérieur étaient encore blancs de la nuit. Elle s’appuya contre la vitre et regarda tristement le paysage qui était d’une pureté exceptionnelle. Elle ne tint pas compte du temps, accolée à la fenêtre. Elle resta jute silencieuse, jusqu’à ce que neuf heures amènent dans les rues les passants. La ville commençait, petit à petit à s’animer. Il y avait des gens avec leurs enfants qui traversaient la rue, tenant fermement la main de leurs progénitures, les préservant de tout danger. Elle regarda plus loin, une chorale de Noël se former, avec des enfants de tous âges, vêtus en costumes d’elfes. Elle n’entendait pas les chants, mais elle devinait les voix de ses petits qui devaient s’émerveiller, et s’impatienter, chaque minute d’avantage. Elle regarda l’heure rapidement, et se résolut à s’habiller.

 

En qualité d’hommes politiques, que pouvons nous apporter qui n’ait déjà été promis et non tenu ? Peut-être simplement affirmer que nous ne mentirons pas, mais cela serait-il suffisant ? "

Sam prononçait à haute voix les mots qu’il tapait sur le clavier de son ordinateur. Il s’en imprégnait pour les tester. Etait-ce vraiment ce qu’il cherchait à dire, à faire dire au Président ? Il n’était pas convaincu de la puissance de sa phrase. Il était surtout épuisé et avait les yeux épuisés par l’écran qu’il n’avait quitté de toute la matinée. Il décrocha son téléphone et composa un numéro de mémoire. Il entendit quelques sonneries. Il attendit d’entendre la voix du répondeur pour raccrocher. Et la sonnerie du même téléphone retentit, il répondit aussitôt, plein d’espoir.

" Sam Seaborn ! " Mais la voix de Josh à l’autre bout du fil ne le réjouit guère.

Lorsqu’il reposa le combiné, il tenta une nouvelle fois d’appeler Mallory, puisqu’il était tombé sur son répondeur peu avant. Elle ne semblait pas être chez elle. Il ne voulut pas laisser de messages, il ne saurait même pas quoi lui dire. Il lui vint ensuite à l’esprit d’appeler sur son portable. Où qu’elle soit, elle l’emportait toujours avec elle. Mais sa tentative échoua car l’appareil semblait teint. Et là encore, il dut se contenter d’entendre sa voix enregistrée. Il soupira, et se remit au travail puisque sa pause ne lui était pas accordée.
Il réessaya plus tard. A l’heure du déjeuner. Puis dans l’après-midi, autour de trois heures. Sa journée était remplie, mais il voulait trouver quelques minutes pour lui parler, ne serait-ce que pour lui dire bonjour, et savoir comment elle allait. Il savait que Mallory et sa mère avait des rapports parfois tendus, et qu’elles seraient tout la journée du 24 ensemble pour préparer le réveillon. A 18 heures, il abandonna l’idée de pouvoir la joindre. Il appela une dernière fois chez elle. Et il commençait à connaître par cœur son message de répondeur.

Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Mallory O’Brien. Merci de laisser un message après le bip.

Simple et clair. Il aimait la façon qu’elle avait de ne jamais en faire trop. Elle était direct, et détestait le superflu. Cela le fit sourire. Il laissa un message, après avoir été tenté de le faire tout au cours de la journée.

" C’est Sam. Tu dois être débordée de travail avec tous ces préparatifs de Noël... Je voulais juste te dire bonsoir, je suis au bureau, et je suis sur un discours, enfin, rien de très intéressant, mais je voulais savoir comment tu allais." Il ne savait pas quoi rajouter, et de peur de bégayer, il abrégea son monologue. " Je t’embrasse, bonne soirée. "

Il reposa le combiné à sa place et quitta son bureau pour gagner celui de son supérieur. Leo. Il frappa sur la porte entrouverte et entendit la voix de Leo, égal à lui même. Un mélange de nonchalance et d’agressivité, une nécessité pour le rôle qu’il devait jouer à la Maison Blanche.

" Bonsoir Leo. "

" Salut Sam. " répondit-il en ôtant ses lunettes. " Qu’est-ce qu’il y a ? "

" Rien de spécial, je voulais savoir si tu avais besoin de quelque chose, je suis sur les discours depuis hier dans la huit, et je voulais me changer les idées. "

" Te changer les idées ? " Il tira un dossier d’une pile épaisse et le tendit à sam. " Voilà de quoi te changer les idées. C’est un rapport du Ministre de la Santé. Je n’ai pas encore eu le temps d’y jeter un coup d’œil. Ca te va pour te changer les idées ? "

" Merci ! " dit Sam d’un ton neutre. " Qu’est-ce que tu fais ? "

" Je signe des cartes de vœux. Comment veux tu que je m’occupe correctement du pays avec autant de choses aussi peu futiles ? " dit-il d’un ton ironique.

" Bon courage ! "

 

Yrsan s’était installé au bar du Diamond Dogs et s’était fait servir une bière par le serveur. Il remarqua qu’il y a avait de plus en plus de monde, au plus grand plaisir de Cassandra, et de Sam, qui avait lui aussi placer ses billes dans l’affaire. La fameuse propriétaire fit son apparition. Il la scruta de l’endroit où il se trouvait, alors qu’elle arrivait à peine à l’autre bout du comptoir. Elle avait un corps parfait, et une robe étroite mettait ses formes en valeurs. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon très élaboré. Elle s’approcha de lui, mais elle donnait des ordres à ses serveurs et son barman. Elle échangea quelques mots avec les clients, accoudés, en bonne hôtesse.

" Salut ! " dit-elle en regardant Yrsan avec des yeux pétillants.

" Il y a du monde ce soir ! "

" Patron, il y a un message pour vous de la part de Mademoiselle O’Brien. "

Elle lui répondit qu’elle s’en occuperait un peu plus tard. Yrsan avait posé ses mains sur les siennes, et caressait d’un mouvement léger les contours osseux des mains de Cassie, qui ne réagissait tant elle était demandée par ses employés. Elle lui adressa toutefois un sourire, et tenta de lui prêter plus d’attention.

" Est-ce que tu veux venir chez moi, plus tard ? "

Martin interrompit de nouveau Cassie en lui demandant si elle pouvait s’occuper du bar pendant qu’il se rendait dans la réserve.

" Tu disais ? "

" Tu sais, si tu veux, lorsque tu auras fermé, si tu as envie de passer... "

" Attends, je dois aller m’occuper de quelques clients. "

Elle s’éclipsa et Yrsan poussa un long soupir avant de porter son verre à ses lèvres.

" Si ça vous tente de ne pas attendre la fermeture, je pourrais peut-être vous proposer quelque chose... " dit sa voisine de comptoir.

Il tourna la tête vers elle, il ne vit même pas son visage, la première chose qui le frappa était l’alliance en diamant qu’elle portait. Ensuite, il vit que la femme devait avoir 45 ans. Elle portait des vêtements séduisants, et elle tenait son verre d’une manière particulière.

" Jolie bague ! " dit-il simplement.

Elle regarda sa main gauche et émit un petit ricanement.

" Observateur. " admit-elle. " Vous ne m’avez pas répondu, vous avez des projets avant la fermeture ? "

Yrsan était gêné, et faisait des efforts pour ne pas le montrer.

" Vous feriez mieux d’aller retrouver votre mari, je pense que c’est mieux. Mais merci pour la proposition, je vais attendre la fermeture. "

" Comme vous voudrez. " fit-elle d’un air déçu. Elle quitta aussitôt sa place, sans doute à la recherche d’un autre bar et d’un autre homme qui accepterait de se rendre dans un motel pour une partie de jambes en l’air dans le dos du mari. C’était un peu comme une évidence. Cependant, Yrsan ne vit pas revenir Cassandra qui était débordée ce soir là.

 

Le 24 décembre était si attendu, le jour le plus attendu de toute l’année peut-être. Pourtant, fêter Noël signifiait préparer le repas, la réception, l’arbre de Noël. Et c’était une corvée que Jenny McGarry ne supportait guère. Noël n’était pas une fête particulièrement appréciée. Mallory arriva chez sa mère à dix heures du matin. Celle-ci prenait son petit déjeuner dans le salon en lisant le journal. Ses parent avaient divorcés mais étaient restés, plus ou moins, en bon terme, au grand soulagement de Mallory qui ne pouvait supporter de les voir se déchirer. Jenny avait garder la maison familiale, Leo avait pris un petit appartement. Mais ce dernier était toujours le bienvenu, en particulier le soir de Noël. Jenny avait refusé que Mal doive choisir entre elle et lui pour ce soir si particulier. Mallory n’avait guère de points communs avec sa mère, et encore moins son dégoût pour Noël, qui était restée sa fête préférée depuis son enfance.

" Bonjour Maman ! " dit-elle gaiement en l’embrassant.

" Tu as lu les journaux ce matin ? " demanda-t-elle. " Tu peux m’expliquer cette menace de grève des professeurs ? "

" Non, et tu sais pourquoi ? Je ne suis pas professeurs, mais institutrice ! "

Jenny remarque la bonne humeur de sa fille, et s’en voulait de lui rabattre les oreilles avec des sujets aussi fâcheux que son travail alors qu’elle était en vacances, et qu’elle était impatiente de préparer la soirée du réveillon.

" Tu n’étais pas obligée de venir si tôt, tu sais ! "

" Bien sûr que si ! Tu te rends compte de tout ce qu’on a à faire ? Finis ton petit déjeuner, on va dans la cuisine ! "

" Mal, Ruth peut très bien s’occuper du repas. "

" Ruth ! " appela Mallory. La fidèle domestique des McGarry arriva aussitôt dans le salon. " Finis ta tasse de thé ! " rappela-t-elle à sa mère.

" Bonjour Mademoiselle, que puis je faire pour vous ? "

" Comment vont vos enfants ? "

" Très bien, mademoiselle. "

" Ruth, Maman et moi aimerions vous donner un jour de congés supplémentaire. On se débrouillera très bien, vous pouvez rentrer. Joyeux Noël à vous ! "

Ruth regarda incertaine sa patronne, qui se contenait pour ne pas exploser devant elle. Elle céda un faible " Joyeux Noël ".

" Merci Mademoiselle ! " s’enthousiasma la domestique. " Joyeux Noël à vous aussi, tous mes bons vœux ! "

" Tu as perdu la tête ! " s’écria Jenny lorsque Ruth quitta la pièce. " Mallory, tu n’as pas autorité ici, et encore moins sur mes employés ! "

" Maman, c’est Noël, et ça me fait plaisir de tout préparer moi même. Allez, ramène ton plateau, on va se mettre aux fourneaux ! "

Jenny soupira, mais obéit à sa fille. Elles se rendirent dans la cuisine. La pièce était immense, à l’effigie de toute la maison. Elle se rendit dans le grand réfrigérateur et observa que comme chaque année, il avait été bien rempli. Mallory sortit un grand plat où elle déposa la dinde et prépara tous les ingrédients dont elle avait besoin.

" Si Ruth avait été là, elle aurait préparé la dinde, c’est sa recette que nous utilisions chaque année. "

" Et ce soir, ce sera la mienne. Et tu veux une bonne nouvelle ? C’est elle qui me l’a enseignée ! "

" J’ai un rendez vous en ville dans une demie heure, tu sauras te débrouiller ? "

Mallory la chassa de la cuisine avec un grand sourire, la rassurant, elle savait ce qu’elle avait à faire. De plus, Ruth avait prévu tout ce dont elle avait besoin, elle avait tout mis de côté un peu plus tôt. Elle ne mit pas longtemps à transformer la cuisine en véritable champ de bataille. Elle remerciait sa mère de s’être absentée, elle aurait sans doute eut une syncope en voyant l’état de la pièce. Elle avait les mains plongées dans la farce de la dinde quand le téléphone retentit. Elle se dirigea vers l’appareil qui était accroché au mur près de la porte. Elle le tint du bout des doigts et le cala contre son épaule.

" Résidence McGarry ! "

" Tu t’en sors ? " s’écria une voix familière.

" J’ai renvoyé la gouvernante et ma mère, j’ai la cuisine pour moi. "

" Chérie, j’ai commandé plusieurs caisses d’un excellent champagne, je peux en ramener si tu le souhaites ! " lui proposa-t-elle.

" Maman a déjà du prévoir, mais c’est gentil de proposer. "

" Mal, je peux bien offrir ça à Mme McGarry. Au fait, ta mère est-elle aussi ravie que les années passées de m’accueillir ? "

" Tu exagères, elle t’aime beaucoup ! "

" Non, mais je vais faire comme si ! Dis moi, tu as pensé à inviter Sam ? "

Mallory éclata de rire mais reprit aussitôt son sérieux.

" Cass, ma mère hait Sam, et mon père ne tient pas particulièrement à le voir faire partie de la famille, alors je ne vais pas le faire venir au milieu d’une horde de serpents prêts à le dévorer. "

" Bien vu. " Il y eut un silence. " Je dois te laisser. A quelle heure on se retrouve ? "

" Viens à la maison vers 18 heures, on fera le sapin. " Elle devina un sourire sur les lèvres de Cassandra.

" C’est marrant qu’à notre âge on fasse encore le sapin toutes les deux. "

" Je ne voudrais pas le faire avec quelqu’un d’autre ! " s’exclama Mallory. " A ce soir ! "

 

Jenny revint pour le déjeuner. Elle avait un paquet dans les bras, qu’elle déposa sur la table de la cuisine. Mallory s’empressa aussitôt de l’ôter pour y poser un énorme plat garni de petits fours, de toast.

" J’ai pensé que tu n’aurais pas fait à manger pour midi. Je nous ai pris des salades et des petits pains. Ils sont tout chaud. Viens donc manger, tu reprendras après ! " ordonna Jenny. Et sa fille s’exécuta. Elles s’assirent dans la salle à manger. Mallory avait déposé des sets de tables pour ne pas abîmer la grande table de chêne.

" Je continue à penser que tu n’aurais pas du donner sa journée à Ruth. Je te signale que l’argenterie n’a pas été faite ! "

" Et bien ça te donnera l’occasion de la faire et de t’occuper Maman ! "

Elle regarda sa fille d’un air de reproche. Elles entendirent le téléphone sonner mais aucune ne bougea. Mallory s’attendait à ce que sa mère se lève, elle était chez elle, mais cette dernière ne s’habituait pas à l’absence de Ruth. Mais Jenny se leva finalement et répondit dans l’entrée. Mallory l’entendit vaguement s’exclama et prononcer le nom de sa tante. Annie était la sœur de Jenny. Elle avait un an de plus, et vivait à Boston. Elle était veuve depuis une dizaine d’années déjà mais n’avait pas refait sa vie. Elle avait une fille du nom de Virginia. Mallory et Virginia, bien que cousines, ne s’étaient jamais entendu. Mallory avait tenté d’être compréhensive et de montrer l’exemple étant la plus âgées des deux. Mais elle ne pouvait se résoudre à apprécier cette fille. Elle était comme une étrangère pour elle. Elle n’était guère ravie de la revoir, mais sa mère semblait si heureuse qu’elle tenta de ne plus y penser. Elle n’avait pas vu Annie depuis trois ans. Sa tante était d’une extrême gentillesse et avait toujours un sourire à donner. Petite, elle passait souvent ses vacances d’été avec elle et Virginia, alors que sa mère était sans cesse aux côtés de son père. Annie avait toujours senti la tension entre Mallory et Virginia, et pour une raison qu’elle ignorait, c’était toujours à elle et non à sa propre fille qu’elle donnait raison.

Mal secoua la tête pour chasser toutes ses pensées de sa tête. Elle débarrassa la table et se remit aux fourneaux. Elle devait terminer le festin, ou du moins le préparer de manière à ce qu’il n’y ait plus qu’à mettre au four avant de passer à table.

" Maman, c’est Cassandra qui ramènera le champagne, cette année. "

" Parfait, j’allai te demander d’aller en chercher. Comment va-t-elle, toujours à jouer les traînées ? "

" Maman ! " dit-elle avec colère. " Tu n’as jamais aimé Cassandra, tu l’as toujours jugée sur son apparence et ses fréquentations. Mais elle a toujours été là quand j’avais besoin d’elle, et tu sais que je la considère comme une sœur ! "

" Oui, elle tu l’adores, mais les membres de ta propre famille, tu fais tout pour les oublier ! " lui reprocha Jenny.

" Je ne vois pas de quoi tu veux parler ! "

" Ca ne fait rien. Je n’ai pas envie de me disputer avec toi aujourd’hui. Est-ce que tu pourras passer prendre des bougies lorsque tu iras te changer, j’ai peur de ne pas en avoir assez pour la table. "

" Bien sûr. " dit doucement Mallory. " Je ne sais toujours pas combien nous serons. "

Jenny fit un rapide calcul.

" Nous serons quatorze. Nous, ta tante, ton amie, ton oncle, sa femme et leur trois enfants, mon amie Jessie du club de gym..."

" Tu ne m’as jamais dit que tu allais à un club de gym ! " dit Mallory en souriant soudain à l’idée d voir sa mère faire de la gym.

" Oui. " admit-elle. " Elle viendra avec son fils de ton âge, vous pourriez mieux faire connaissance ! " souligna discrètement Jenny. " Et ton père a insisté pour qu’on invite sa secrétaire. "

" Margaret ? " s’étonna Mallory.

" Je suis sûre que ton père a une liaison avec elle. "

" En tout honnêteté, je ne pense vraiment pas, mais si c’était le cas, il est libre de refaire sa vie, et ça me ferait plaisir de le voir avec une femme aussi gentille qu’elle. "

" Il a tout de même le culot de l’amener ici, dans notre famille ! "

Mallory détestait la façon qu’avait sa mère de mépriser les gens. Elle ne savait pas ce qui lui déplaisait le plus. Que son ex mari refasse sa vie, ou qu’il le fasse avec une simple secrétaire fédérale. Mal aimait Margaret. Elle avait de l’humour, elle était dévouée, elle était calme et bien élevée, tout ce qu’il fallait à son père. Mais elle était tout de même étonnée qu’elle soit parmi eux ce soir là. Elle haussa les épaules.

" Si tu commençais à lustrer les couverts, Maman ? Je vais venir t’aider dans un instant, je finis juste la bûche ! "

Jenny disparut dans la grande salle à manger et se mit au travail. Mallory termina ce qu’elle était en train de faire, et elle finit par déposer la bûche dans le réfrigérateur. Elle s’essuya les mains et rejoignit sa mère. Elle ouvrit un tiroir et en sortit deux nappes, une rouge et une blanche. Elle ôta le vase de fleurs fraîches qui ornait la table et déplia les nappes qu’elle superposa. Elle sortit ce dont elle avait besoin pour dresser la table. Des chandeliers, des assiettes de porcelaine. Elle sortit également les verres en cristal. Jenny avait fait faire de petites gerbes de fleurs qu’elle voulait poser sur la table, à côté des repose plats.

" Je vais aller chercher les décorations de Noël à la cave ! "

" Tu comptes faire le sapin maintenant ? "

" Non, on le fera tout à l’heure avec Cassie. Mais je vais aller chercher le carton pour voir si je n’ai rien à acheter en plus. Et puis j’irai te chercher les bougies. Ensuite j’irai me changer à la maison, et je reviendrai avec Cassie. On s’occupera de ce qu’il reste à faire ! " Jenny acquiesça et Mallory se rendit à la cave.

 

Les deux jeunes femmes revinrent à dix-huit heures, comme il avait été prévu. Jenny ne s’était pas encore changée, elle avait dressé la table, ce qui lui valut les chaleureuses félicitations de sa fille. Cassandra et Mallory avaient déjà revêtu leurs robes de soirées, cela ne les empêcha pas de continuer à préparer la soirée, notamment en dressant le sapin. Cassie était de trois ans l’aînée de Mallory. La petite sœur de Cassandra était dans la même classe que Mallory, c’était ainsi qu’elles s’étaient rencontrées. D’ailleurs, la petite sœur de Cassie n’avait jamais compris que ce soit Cassandra qui soit invitée chez les McGarry alors qu’elle était une camarade de classe. Mallory avait alors neuf ans. Elle arrivait fraîchement de Boston, où elle avait passé son enfance. Et Cassie avait été sa première amie, et celle qui avait toujours été là. Depuis l’âge de neuf ans pour Mal et douze pour Cassie, elles étaient devenues inséparables. Et depuis cet âge, Cassandra faisait partie de la famille de Mallory, et à chaque Noël, elle était invitée, ce qui était tout naturel. Mallory n’envisageait pas de passer un réveillon de Noël sans sa meilleure amie, et encore moins de ne pas dresser l’arbre avec elle. C’était devenu leur tradition à elles. Elles se jetaient constamment des petits regards amusés, à mesure qu’elles disposaient boules, guirlandes et cheveux d’anges. Quand elles arrivèrent à la fin de leur mission, elles prirent du recul pour voir leur œuvre, en se tenant l’une l’autre par l’épaule ou la hanche. Elles se regardèrent, elles avaient toutes deux remarqué qu’un détail manquait. Il s’agissait de l’étoile. La fameuse étoile que l’on met en haut de l’arbre. Mal prit un chaise, et elles montèrent toutes les deux dessus, elles tenaient toutes les deux l’étoile, et elles la déposèrent toutes les deux, d’un mouvement parfaitement harmonieux. Elles se regardèrent ensuite satisfaites.

" Oh Annie, comment vas tu ma chère sœur ! " entendirent-elles, des voix provenant du salon.

" Oh ça y est, mon cauchemar commence... " soupira Mallory. " Quand il faut y aller ! "

Cassandra passa son bras autour des épaules de son amie en réconfort. Dans l’entrée, Jenny embrassait chaleureusement sa nièce, Virginia. Annie vit Mal et Cassandra, et fut ravie de voir les deux jeunes femmes.

" Mal ma chérie ! " dit-elle en lui ouvrant les bras. Elles s’embrassèrent chaleureusement. " Mon Dieu, laisse moi te regarder, tu es absolument magnifique, et dire que tu n’es toujours pas mariée, mais enfin dis moi quel homme ne voudrait pas de tel bijou ? "

Mallory eut un sourire gêné.

" Je suis heureuse de te voir Tante Annie. Tu te souviens de Cassandra, mon amie d’enfance ! "

" Bien sûr, toujours aussi belle et souriante ! "

Elle embrassa de même l’amie d’enfance. Ce qui devait arriver arriva, Mallory fut confrontée à sa cousine. Elle lui offrit un sourire amical et l’embrassa.

" Je suis heureuse de te revoir, Mallory ! "

" Oui, moi aussi. Ravie de vous revoir, cela faisait si longtemps ! "

Cassandra s’excusa, elle voulait passer un coup de fil au club, histoire de voir si tout se passait bien. Elle n’était pas réellement tranquille, mais elle ne voulait pas le montrer.

Le frère de Jenny et Annie arriva lui aussi. C’était le plus jeune des trois. Il était avocat, sa femme, Tess était autrefois architecte. Ils avaient trois enfants de 13, 9 et 5 ans. Une belle famille, que Mallory adorait. Aussitôt, la maison s’emplit des cris des enfants, qui couraient partout, particulièrement autour du sapin, où Mallory avait pris soin de glisser les cadeaux.

" Maman, on pourrait peut-être... " elle jeta un coup du côté du sapin.

" Oui, bien sûr ! Allez, venez les enfants, chacun aura son cadeau. " Jenny fit la distribution et chargea sa fille d’aller ouvrir la porte d’entrée qui venait de retentir.

Mallory ouvrit la porte et tomba nez à nez avec une personne qu’elle ne connaissait pas.

" Bonsoir, je suis Jessie, une amie... "

" Oui, bonsoir, entrez je vous en prie ! Je suis Mallory, la fille de Jenny. "

Elles se serrèrent la main et Jessie présenta son fils.

" Et voici Victor. "

" Enchanté ! "

Le téléphone sonna, et Mallory les pria d’entrer, Jenny était dans le salon. Elle décrocha le téléphone et fut heureuse d’entendre la voix de son père.

" Bonsoir mon chaton, j’ai encore un peu de boulot, mais je fais vite, je serai là d’ici une heure, dis à ta mère de servir le champagne sans nous. "

" Oh, j’ai appris que Margaret serait là, mais Papa... "

" Quoi, ta mère t’a monté la tête avec cette histoire ? Voyons, Mal, tu sais que je t’en aurais parlé. Margaret étais seule pour Noël. J’ai préféré la faire venir ici, on a une famille de dingue, mais c’est peut-être pas pire que de rester seule devant la télé ! "

" Je t’attends Papa, mais dépêche toi, c’est Noël ! "

Jenny prit la décision de commencer sans eux. Elle servit une coupe de champagne à chacun. Ils s’installèrent tous dans le salon et discutèrent. Jenny pria sa fille de s’occuper de la dinde, et Cassandra suivit Mal dans la cuisine.

" Toi, il y a quelque chose qui ne va pas ! "

" Ca va, c’est juste que...j’en sais rien. Je hais Virginia, et mon père n’est toujours pas là. Il devrait être là depuis une demie heure, mais une fois de plus son travail passe avant tout ! "

" Il va pas tarder, j’en suis sûre. Chérie, je retournes à côté. Besoin de rien ? "

Elle secoua la tête. Cassie sortit en refermant la porte. Mal mit la dinde dans le four et s’assit sur le carrelage, fondant en larmes. Elle ne remarqua pas, ainsi, la porte qui s’ouvrit. Et l’homme qui s’accroupit à ses côté.

" Comment une si jolie fleur peut-elle se laisser aller à tant de larmes, hein ? "

Elle sanglotait telle une enfant.

" Tu es en retard. "

" Et c’est pour ça que tu t’es réfugiée dans la cuisine, en pleurs ? "

" Tout le mal que je me suis donnée aujourd’hui, la dinde, la bûche, le sapin, ma robe, c’était pour toi, Papa ! Maman n’a pas arrêté de râlé, elle n’a pas arrêté de me reprocher tout ce que j’entreprends dans la vie, mais c’était pas grave, parce que j’allai passer la soirée avec toi. Et tu... "

" Je suis arrivé avec une heure et demie de retard. Mal, Chérie, je suis navré, mais j’avais vraiment des choses urgentes à finir. Il fallait que ce soit fini ce soir. "

" Plus urgentes que ta fille ? "

" Non, pas plus urgente que ma fille, tu passera toujours avant le reste, mais je ne considérais pas qu’une heure et demie de retard allait nous empêcher de passer une bonne soirée ensemble. "

Elle renifla et essuya ses larmes avec ses mains.

" Par ailleurs, c’est vrai que tu as une jolie robe ! " Elle ne répondit pas. " Mais tu ne crois pas qu’il te manque quelque chose pour éblouir tout le monde ? "

Il lui tendit une boite. Elle l’ouvrit en reniflant toujours, maîtrisant ses larmes. Elle découvrit un pendentif avec un diamant. Le bijou parfait qui allait habiller son décolleté.

" Joyeux Noël ma Chérie ! " Il l’embrassa en lui caressant les cheveux. Elle lui ouvrit les bras pour qu’il la serre contre lui. Elle lui murmura un merci à l’oreille.

" Allez, viens, on a le droit à notre coupe de champagne aussi. Et puis j’ai laissé Margaret avec ta mère, et j’ai un peu peur. "

Mallory laissa échapper un rire. Lorsqu’ils sortirent dans l’entrée, la sonnerie de la porte retentit. Elle lui fit signe qu’elle allait ouvrir. Elle sécha de nouveau ses larmes, et Leo se rendit dans le salon. Elle ouvrit la porte en espérant que ses yeux ne ressemblaient pas trop à ceux d’un crapaud.

" Sam ? "

Elle fut étonnée de le voir. Il semblait mort de froid.

" Je passais juste pour te souhaiter un joyeux Noël. J’ai essayé de te joindre, depuis deux jours, mais...tu étais injoignable. "

" Ca me fait plaisir que tu sois passé, nous allons nous mettre à table, mais Papa vient d’arriver... "

" Oui, je sais, c’est moi qui lui ai dit de partir, j’ai repris tous les dossiers qu’il avait à finir ce soir. Je retourne à la Maison Blanche, j’ai pas mal de boulot. Je voulais pas m’y remettre sans t’avoir dit combien tu étais belle dans cette robe. "

" Merci " sourit elle. " Je te souhaite un joyeux Noël, à toi aussi ! "

" On se voit plus tard ? "

Elle hocha la tête et le regarda traverser la rue. Il s’était remis à neiger. Elle était heureuse. Et elle lui était reconnaissante. Grâce à lui, son père passait l réveillon avec elle. Elle retourna dans le salon, où sa mère avait décidé qu’ils passaient à table.

 

Loïs gara sa voiture au même endroit que la première fois. Devant la maison aux tuiles en ardoise bleue, recouverte de neige. Elle semblait réfléchir tout en se cramponnant fermement au volant. Elle pesait encore le pour et le contre de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle regarda sa montre. Il était 20 heures. Une heure pas très convenable pour une visite, même un soir de veillée. Elle se couvrit chaudement avant de sortir. Elle sentit le froid lui piquer le visage dès qu’elle eut mis un pied dehors. Il ne neigeait plus. Mais la chaussée devait être glissante. Elle traversa la rue avec précaution. Elle voyait à travers la fenêtre de leur salon un arbre bien décoré. Il devait y avoir des invités. Elle prenait son temps, un temps précieux qu’elle utilisait à réfléchir encore. Elle sonna en appuyant sur un bouton en évidence, accroché au mur. Il était gelé. La porte d’entrée ne tarda pas à s’ouvrir, laissant Loïs voir beaucoup de lumières, et entendre beaucoup de bruits, des rires, des cris d’enfants, des discussions animés et amicales. Elle observa la personne qui lui ouvrit la porte. Une femme blonde, de son âge, habillée d’une robe de soirée en velours, et un charmant sourire.

" Bonsoir ! "

Loïs revint à la jeune femme.

" Bonsoir. Euh...je vous prie de m’excuser. Je ne voulais pas déranger un soir de Noël... "

" Que puis-je faire pour vous ? "

" J’ai trouvé votre maison, un peu par hasard...enfin, pas vraiment, mais je... "

" Madame, excusez moi, mais j’ai des invités. "

" Oui, bien sûr. Je m’appelle Loïs Duncan. "

Le visage accueillant de la jeune femme se durcit.

" Désolée, je dois y aller ! " Elle referma la porte mais Loïs la bloqua.

" Vous savez qui je suis ! " lui dit-elle.

" Vous devez vous tromper d’adresse, Madame. "

" S’il vous plaît, attendez ! Vous savez qui je suis. Je ne vous demande pas grand chose. Je voudrais voir Alex. "

" Thomas. "

Loïs plissa ses lèvres.

" S’il vous plaît... "

" Ecoutez, je regrette, mais... "

" On est le soir de Noël, et je ne veux pas m’imposer, ni vous déranger, et encore moins déranger Alex...Thomas ! Mais, vous savez, je ne ferai pas d’histoire. J’avais besoin de... S’il vous plaît, laissez moi le voir ! "

" J’ai des invités. Je ne tiens pas à ce qu’il vous voient. Mais que ce soit clair. Vous ne le verrez que ce soir. Je ne tiens pas à le faire souffrir. Nous dirons que vous étiez là à sa naissance. Après ce soir, je ne veux plus entendre parler de vous, et n’essayez plus jamais de nous contacter. "

" Je vous remercie sincèrement ! " dit Loïs en essuyant une larme sur sa joue d’un revers de la main.

 

Sam devait être le seul à travailler le soir de Noël à la Maison Blanche, le seul pour qui les Services Secrets étaient encore debouts à minuit. Il ne lui restait plus qu’un dossier à voir, et il rentrerait. Il se mettrait devant la télé, et regarderait ce qu’il y a avait. Un match de basket, peut être, ou bien un vieux film. Et il s’endormirait avant la fin. Il finit sa tasse de café et l’emporta pour s’en resservir. Il avait l’intention de déposer un dossier dans le bureau de Leo par la même occasion. Il lui vint tout à coup à l’esprit qu’une personne avec de mauvaises intentions, pouvait en fin de compte avoir facilement accès à toutes sortes de données et documents. Il ne put s’empêcher de sourire en y pensant. Il posa le dossier sur le bureau et ressortit aussitôt. Il but une gorgée de café, un café froid et pas très agréable. Mais il vit soudain une porte s’ouvrir, et crut qu’un de ses collègues avait oublié quelque chose d’assez important pour qu’il vienne le rechercher. Ca ne pouvait être que Toby ou Josh. Mais la chevelure rousse lui fit comprendre qu’il s’agissait de Mallory, dans sa belle robe bleue. Et arborant un beau sourire, un sourire qui se dessina lorsqu’elle le vit. 

" Qu’est-ce que fais là, il est plus de minuit ! " lui dit-il.

" Je pourrais te demander la même chose ! "

Sam la laissa passer devant lui, de manière galante, et ils se rendirent dans son bureau.

" Tu as mangé ? " Elle vit l’expression sur le visage de Sam, et en conclut que non. " J’en étais sûre ! " Elle sortit alors une assiette et des couverts du sac qu’elle tenait ferment, et elle en ôta le film plastique qui protégeait la dinde et les légumes qu’elle lui avait apporté. " C’est de la dinde au marrons, faite par moi même. "

" Tu as fait ça pour moi ? " demanda-t-il à la frontière de l'amusement et de la surprise.

" Et je t’ai amené aussi une part de bûche glacée à la crème de marrons, faite par moi. " Il était admiratif. " Et pour finir, je nous ai pris... "

Elle sortit deux flûtes de champagne et une bouteille encore fraîche. Elle lui tendit pour qu’il la débouche. Le bouchon fut éjecté dans le bureau, et elle lui tendit rapidement les verres avant que du vin pétillant ne s’échoue sur la moquette du bureau.

" Et tout ça, en quel honneur ? "

" Je n’ai pas le droit de t’apporter à manger ? " Elle fit une pause. " Très bien. C’est pour plusieurs raisons. Déjà, je voulais t remercier d’avoir pris en charge les dossiers de Papa, il a pu se libérer pour moi, enfin, grâce à toi, et je t’en suis reconnaissante. Et puis c’est Noël. Et je m’en voulais de te savoir seul dans ton bureau, le soir où on est sensé faire la fête... "

" Alors Joyeux Noël ! " dit-il en trinquant avec elle. Ils burent une gorgée du champagne que Cassandra leur avait offert, et Sam se souvint tout à coup qu’il avait quelque chose pour elle. Il tira une enveloppe du tiroir de son bureau. " Et voici ton cadeau ! "

Elle l’ouvrit et fut plus amusée qu’autre chose.

" Deux places pour l’Opéra Chinois au Kennedy Center ? J’ignore avec qui je vais bien pouvoir y aller ! "

" Tu pourrais peut-être y aller avec une personne que tu apprécies, qui aurais envie de découvrir une autre culture, et qui voudrait passer plus de temps avec une jeune femme extraordinaire comme toi ! "

" Ah, et tu as des noms à me donner ? " demanda-t-elle avec un grand sourire. Elle se rapprocha de lui et l’embrassa doucement sur ses lèvres pour le remercier. Elle lui offrit elle aussi son cadeau, qui était également contenu dans une enveloppe. Sam l’ouvrit et fut à la fois surpris et ravi. " Les Lakers jouent ici le week-end prochain, je me suis dit que tu aimerais y assister. Et pour être sûre que tu n’auras pas d’empêchement, je vais dire à mon père de te laisser tranquille ! "

" Merci ! " dit-il simplement. Il se rapprocha d’elle et la serra dans ses bras, une embrassade tendre, un instant très particulier que la sonnerie du cellulaire de Mallory interrompit.

" Allô ? Papa ? "

" Mal, il est arrivé un accident ! "

 

Ecrit par spleen, le Samedi 16 Août 2003, 18:27 dans la rubrique "lecture".